Les Chroniques de l'Imaginaire

Les taiseux - Ezine, Jean-Louis

L'ex-Jean-Louis Bunel et M. Ezine ne se parlent pas. La mère de Jean-Louis n'est pas bien causante non plus. La grand-mère Jeanne, pourtant tendre et accueillante pour le "pauvre loupiot" pense qu'il y a des choses qu'il vaut mieux lui taire. Quant à la grand-mère naturelle, Louise, elle pratique le mutisme en virtuose. Avec tout cela, Jean-Louis aura du mal à démêler quelle fut la vie de son père. Quant à en savoir plus sur son grand-père...

Ce récit est fascinant pour plusieurs raisons : d'abord il est touchant de voir comment un homme d'écriture, donc a priori de langage, accède à la parole, et la pudeur en forme d'ironie discrète, ou pour le moins de distance attendrie, avec laquelle il se penche sur son passé est émouvante. Ensuite, il illustre la théorie du "fantôme familial" d'une façon assez stupéfiante. Et enfin il est réjouissant d'y voir passer, par la bande, si on peut dire, Aragon, Cioran ou Jünger.

Tout cela écrit dans une langue parfaite, à la fois déliée et précise, dont les images font mouche. A qui aime les histoires de famille incertaines et compliquées, mais surtout les récits autobiographiques bien écrits, je ne saurais trop recommander ce court ouvrage, qui a d'ailleurs reçu le prix Maurice Genevoix.