Un laboratoire secret, perdu au milieu de nulle part. A l'intérieur, un jeune homme repose sur une table d'opération, apparemment endormi. Le chirurgien responsable semble furieux et s'en prend verbalement à un vieil homme, commanditaire de l'opération. C'est alors qu'au milieu des récriminations, une voix s'élève, celle du jeune homme, hurlant et demandant des explications sur ce qu'on lui a fait. Etrange car sur la table, le corps git sans vie alors que dans une cuve flotte quelquechose qui ressemblerait fortement à Chut, je n'en dirais pas plus, préférant vous laisser pénétrer dans la tour afin de découvrir par vous-même les horreurs qu'elle renferme.
Premier conseil : évitez de lire la quatrième de couverture qui vous révèle une grosse partie de l'intrigue. Attiser la curiosité, c'est bien mais donner trop de clefs, c'est dommage.
Pour un premier roman, Anthelme Hauchecorne nous livre une uvre où l'humour, l'horreur et le cynisme se côtoient pour nous livrer une plongée au cur des ténèbres. On ne peut, bien évidemment, pas s'empêcher de reconnaitre l'influence de Serge Brussolo, notamment dans les descriptions où hémoglobine, boyaux en tout genre et liquide visqueux s'entremêlent. Maintenant, l'auteur possède un style propre, percutant, agréable à lire et qui manie efficacement l'ironie. J'ai beaucoup aimé la préface, sous forme de biographie posthume et les renvois en bas de page, bourrés d'humour, que certains qualifieraient peut-être de potaches ou gras ou que sais-je mais qui m'ont fait rire et c'est bien le principal. On pourra également apprécier la critique sans détour de la politique actuelle qui penche vers le totalitarisme et l'exclusion de ceux qui dérangent.
Néanmoins, bien que les débuts soient prometteurs, il manque un petit truc pour que ce soit parfait. Si on entre en force dans le récit, celui-ci finit par s'essouffler de lui-même, certainement à force de partir un peu dans toutes les directions. A mon avis, l'absence d'un réel fil conducteur qui créerait une montée en puissance dans l'horreur fait défaut. Il n'en reste pas moins que La tour des illusions se lit d'une traite et que si une suite parait un jour, je la lirais.