Dans une autre époque, on pouvait feuilleter des comics dans les kiosques à journaux où on pouvait voir " du sang, un peu de cervelle et des nanas à poils ! ", comme nous le rappelle Run, El Presidente du Label 619 d'Ankama. Les enfants ne passaient pas encore tout leur temps à éclater des légions entières de manière plus vraie que nature sur des consoles et on n'avait même pas encore accès de manière généralisée à la vidéo (qui était, pour rappel, en cassettes VHS à l'époque). C'était un genre brutal, rapide, sans concession. Peut-être pas ce que tout le monde appellerait de la grande bande dessinée, mais ça en était et ça en jetait. Du coup, Run a décidé de rendre hommage à sa manière à ce genre à travers Doggy Bags, qui réunira des auteurs qui savent raconter des histoires chocs et violentes.
Pour ce premier tome, c'est Run, himself, accompagné de Guillaume Singelin et Florent Maudoux qui s'y collent.
Fresh flesh & hot chrome, de Singelin, va nous emmener tout droit dans les bras d'une bande de bikers loups-garous à la poursuite d'une jeune fille réfugiée dans une bagnole lancée à toute allure sur la route. Autant dire qu'il n'y a pas de place pour prendre quelqu'un en stop.
Masiko, c'est une histoire sur la mère de Xiong Mao, une des héroïnes de Freaks' Squeele. C'est une tueuse hors pair qui fera tout pour protéger sa fille. Il semble que rien ne puisse vraiment lui résister à cette femme.
Enfin, Mort ou vif nous raconte la traque d'un braqueur de station service par un flic borné. Pourra-t-on dire qu'elle s'est si mal passé que ça finalement ?
Au départ, j'ai voulu lire Doggy Bags principalement pour ne pas rater Masiko. Forcément, tout ce qui touche à l'univers de Freaks' Squeele m'intéresse. Mais, rapidement, j'ai su que j'y allais aussi pour autre chose. Parce que cette couverture m'interpellait. Parce que le grain du papier et l'odeur du bouquin me disait qu'il y avait quelque chose là qui se passait. Parce que, c'est vrai, ça fleure comme le doublé Boulevard de la mort/Planète terreur de Tarantino/Rodriguez. Bref, il y a plein de bonnes raisons qui m'ont poussé dans les pages de Doggy Bags. Et pas une seule seconde je ne l'ai regretté. Les histoires sont vraiment de qualité et nous entrainent dans l'action sans qu'on puisse se poser de questions. Et puis, il y a tout le reste, l'à côté. Les fausses pubs (parfois imprimées un peu trop petit) qui se glissent dans les pages, les anecdotes sur tel ou tel détail qui remettent les choses dans le contexte, le format, comme ce poster inclus en fin de tome tout est finement réfléchit pour que Doggy Bags soit un objet agréable en plus d'être jouissif à la lecture.
Doggy Bags c'est donc une lecture qui risque de vite s'avérer indispensable par les temps qui courent. C'est violent, c'est crasseux, c'est gerbant, mais nécessaire. Affaire à suivre.