T est un comédien célèbre. Efina une de ses admiratrices. Une lettre qu'ils avaient tous deux oubliée les pousse à s'écrire et à se revoir. Ils entament alors une liaison faite d'attirance et d'éloignements qui les obsédera toute une vie.
Voici le résumé inscrit en quatrième de couverture. C'est alléchant, on s'attend à un roman fait d'amour, de sentiments, de rencontres, de séparations... C'est à la fois ça, et à la fois tout autre chose. La caractéristique principale de ce roman, son atout, ou au contraire son défaut, selon le point de vue du lecteur, est son écriture.
Il s'agit d'une écriture très particulière. Sans dialogue, sans point d'interrogation, sans point d'exclamation, sans points de suspension. Des phrases très courtes. Des paragraphes longs, sans retour à la ligne. Une notion du temps très relative. Deux ans passent en trois mots, mais plus loin, quatre pages entières sont consacrées aux crottes que le chien fait devant la boulangerie, ce qui empêche son maître d'acheter des croissants...
Une fois qu'on s'est habitué à ce style très particulier, on trouve heureusement quelques passages intéressants. Notamment sur le monde du théâtre. Mais dans l'ensemble, ce roman est assez déroutant. Il y a bien une progression dans l'histoire, mais on a la sensation qu'il manque parfois des pages. Efina est mariée avec Raùl, plusieurs paragraphes décrivent leur vie ensemble, puis, une ligne blanche plus loin, Efina vit avec T. Que s'est-il passé ? Comment sont-ils devenus amants ? Sont-ils mariés ? On ne le saura pas.
Voici un extrait représentatif de cette approche assez particulière du temps qui passe et l'apparition soudaine de personnages qui n'existent que le temps d'une phrase :
"On ne s'ennuie pas avec cet homme. L'amour fait partie de la fête. Aux fenêtres d'Efina brillent à nouveau les lampions. Puis l'amour s'en va chez une autre. Efina se marie. Son mari n'est pas du tout comédien. Ils se séparent. Elle déménage. Tout changement fait du bien."
Ce genre de narration plaira aux puristes, aux amoureux des mots, probablement, car on ne peut qu'admirer le travail, réussir à raconter une histoire avec des phrases courtes, et malgré ce ton monocorde dû à l'absence de dialogues et de ponctuation vivante.
Je n'ai personnellement pas aimé, mais j'admire l'exercice. C'est osé !