Nous sommes à New-York, en 1889. Une belle femme enceinte, au corps couvert de griffures, va se retrouver internée dans une institution psychiatrique. Elle fut enregistrée sous le prénom de Marie. Un mois après son internement, elle accouchera d'une fille, Karen. De temps en temps, Marie reçoit des visites, certainement pour que les visiteurs se donnent bonne conscience. Des cadeaux sont aussi apportés à Karen, des livres surtout. Seulement voilà, tout le monde n'est pas forcément bienveillant dans l'hôpital. Et Karen va subir des sévices sexuels. Ce qui fera renvoyé leur auteur, mais fera que Karen sera maintenant séparée de sa mère et placée dans un orphelinat. Marie va devenir hystérique et violente tandis que Karen va grandir en paria. Cela mettra en place les pièces faisant de Karen ce qu'elle est devenue adulte.
Mais tout ceci, John Lord et Clara Summers mettrons un certain temps avant de le découvrir. Ils essayent déjà de protéger les personnes qu'ils pensent être les prochaines victimes de Karen. Mais sans connaître exactement ses motivations, difficile de prévoir exactement ce qui va se passer. Surtout que leurs preuves sont minces. Aussi, on ne les croit pas forcément. Qu'à cela ne tienne, John Lord n'est pas homme à baisser les bras à la première difficulté. Et il lui faudra beaucoup de patience et d'astuce pour trouver les indices en cette année 1918.
Voici que ce tome 3 de John Lord conclut Bêtes sauvages. Aurons-nous le droit à d'autres enquêtes ? Ce serait une bonne chose, même si sincèrement j'en doute. Le récit oscille entre souvenirs du passé de Marie et Karen, uniquement raconté par le dessin de Patrick Laumond, s'étirant sur plusieurs pages parfois, et sans aucun texte, et l'enquête que mènent Lord et Summers. Celle-ci est plus verbeuse, revenant d'ailleurs parfois sur ce que nous, lecteur, avons déjà découvert auparavant lors des souvenirs. Cette alternance permet de garder un rythme très intéressant, qui aurait pu être assez lourd si on n'avait eu que l'enquête à proprement parlé à lire.
Le scénario de Denis-Pierre Filippi tient toujours aussi bien la route. C'est toujours dans une veine classique, pas de doute, mais tellement bien maitrisé que ça en reste jouissif à lire. Surtout que la puissance du dessin de Patrick Laumond est elle aussi toujours bien là. Il maîtrise parfaitement ses personnages et l'ambiance de ce début de vingtième siècle américain. Et il choisit toujours des cadrages intelligent qui nous surprennent et font regarder l'histoire d'une manière peu conventionnelle. Certains diront peut-être qu'il abuse un peu trop de ces cadrages hors normes, mais c'est aussi sa patte et ce qui rend la lecture de ce tome si attrayante.
John Lord aura su tenir en haleine le lecteur. Espérons que le duo refasse du travail ensemble, parce que cela fonctionne à merveille.
