Nous sommes durant l'été 1967, dans le comté de Clare, en Irlande. Arlana Flaherty et Martin Cleary se sont retrouvés sur le haut des falaises pour être seuls. Ils passent rapidement aux choses sérieuses, même si Arlana semble avoir quelques doutes sur le fait qu'ils fassent l'amour ensemble. Pourtant, elle se laisse rapidement aller dans les bras de Martin. Mais alors que les amants naviguent vers le plaisir, Martin est pris d'un malaise violent. Si bien qu'Arlana pense l'avoir tué. Quand elle rentre chez elle, elle en parle à son père qui ne semble pas surpris. Pire, il semble heureux et va alors demander à sa fille de faire ce qu'il a décidé pour elle.
De nos jours, trois potes sortent ensemble. Mike est bien décidé à tirer son coup, oubliant complètement sa petite amie, Justine. Rapidement, il trouve une fille qui semble avoir la même envie que lui et ils s'en vont chez elle. Ils ne s'encombrent pas de discussions inutiles et se retrouvent dans le lit de la fille. Alors que la jouissance est presque là, Mike est pris d'un malaise, son corps devient froid et, surprise, un homme surgit avec une lance antique pour la lui planter dans le corps. Le lendemain, on va retrouver la tête de Mike attachée à un arbre. Le corps, lui, n'est pas au même endroit. L'inspecteur Pavano va être chargé de l'enquête. Mais dés les interrogatoires, il sent qu'il se passe quelque chose de pas très net : les amis de Mike décrive bien chacun une bombe, mais pour un elle est portoricaine et pour l'autre elle est asiatique. Si on ajoute une description différente pour chaque personne interrogée et le fait que les caméras de surveillance montrent Mike partant avec une vieille femme, Pavano va avoir de quoi s'occuper les prochains jours.
Du coup, il n'avait pas besoin qu'un vieux flic irlandais qui ne semble pas très net, un certain Cleary, vienne lui raconter des conneries sur des meurtres rituels.
Le frisson ouvre la nouvelle collection des éditions Delcourt, Dark Night. Elle est censée proposer des polars et thrillers en format comics. Par contre, pour ne pas se limiter, les histoires fantastiques ne semblent pas écartées. La preuve en est avec Le frisson qui est clairement un thriller fantastique. Et ce n'est pas moi qui m'en plaindrais. En effet, pour ouvrir la collection, le choix a été très judicieux. Jason Starr et Mick Bertilorenzi nous livrent un récit prenant, maîtrisé, implacable et sexy. Tous les ingrédients pour que cela fonctionne.
Jason Starr est un romancier qui se lance ici dans la bande dessinée. Pas de doute, il faut qu'il continue. Il maîtrise la narration et la manière d'attirer le lecteur dans ses filets. Il ne nous laisse aucune chance de nous échapper. Et le pire, c'est qu'on devient très vite consentant. Il arrive aussi à ne pas s'encombrer de détails qui, finalement, sont assez superflus. Comme par exemple la raison de la survie de Martin Cleary.
Mick Bertilorenzi a un trait assez classique, mais qui sait aussi se servir de l'essentiel pour mettre de côté le superflu. Il allie des mises en page originale avec d'autres plus classiques pour donner un récit à la lecture facilitée. Le seul reproche que je ferais c'est que si on ne veut pas dessiner certaines parties de l'anatomie d'une femme, il suffit de la dessiner sous un autre angle. Parce que mettre des zones d'ombre non justifiées par l'éclairage, ce n'est pas très bienvenu. Mais bon, c'est le seul bémol que je mettrais sur cette lecture.
Le frisson m'a totalement convaincu, bon, son côté fantastique m'a sans doute aidé. J'ai donc hâte de découvrir les nouveaux titres de la collection pour me faire une autre idée. Mais si le niveau est comme celui-ci, on va passer de bons moments !
