La vie ne tient finalement pas à grand chose... Un peu de brouillard, un peu d'alcool, une chaussée humide et un piéton sombrement vêtu... Et tout dérape. Il a perdu le contrôle. Il a tué un gamin de seize ans. Il ne voulait pas le renverser. Non, il ne voulait pas. Et pourtant, maintenant, ça servirait à quoi de se dénoncer ? Cela ne ramènerait pas le môme.
Et puis tout s'emballe. On l'a vu. Oui, quelqu'un l'a vu, il faut bien le supprimer non ce témoin qui risque de lui gâcher la vie en plus de lui extorquer de l'argent. Alors, il tue. Il tue encore... Mais cette fois, il tue le fils de l'ancien commissaire Van Veeteren.
Sa vie n'est qu'un énorme dérapage depuis "Le" soir. Il n'a au fond réussi qu'à transformer la police locale en groupe de traque implacable. Et la course poursuite reprend...
Ce roman est pour moi un réel paradoxe. C'est globalement une bonne histoire. Peut être pas le polar du siècle mais une très bonne histoire. Mais plusieurs points sont relativement déroutants. Tout d'abord, et d'un point de vue purement structurel, la quatrième de couverture ne retrace pas vraiment la réalité du bouquin. Il semble à la lecture de celui ci que le commissaire Van Veeteren est le principal protagoniste, la cheville ouvrière de l'enquête. Hors, si psychologiquement cela peut être le cas (l'entêtement de la police locale ne semble initiée que par la personnalité et le respect qu'inspire cet homme), dans les faits, on aurait tendance à attendre tout au long de la lecture que ce monsieur se décide enfin à passer à l'action.
Ensuite, s'il s'agit bien de l'histoire d'une enquête policière, pour autant, est ce réellement un polar ? L'histoire semble évoluer d'elle même, comme poussée vers son dénouement par une force inéluctable. On n'a pas la sensation d 'une intelligence policière supérieure qui dénoue l'intrigue à la seule force de ses méninges.
Et pourtant, ça fonctionne. Pourquoi ?
D'abord Håkan Nesser a su nous faire adopter le point de vue des différents personnages de son histoire. On finit par les connaitre par coeur, et pourtant, on apprend l'identité de certains d'entre eux que dans les dernières pages. Leur nom aurait aussi bien pu être cité des centaines de fois tout au long du récit que l'on ne s'en serait peut être pas rendu compte. On connait par exemple la personnalité de l'assassin, on a la sensation que l'auteur nous a révélé énormément de choses sur lui et pourtant... On ne connait, ni son nom, ni son métier, on ne sait pas ou il habite, à quoi il ressemble physiquement, quel âge il a...
C'est probablement le premier tour de force de Nesser.
Ensuite ce qui semble donc au premier abord n'être qu'un policier de plus se révèle en réalité beaucoup plus profond. Une réelle réflexion sur le sens de la vie et l'acceptation de la mort se cache parmi ses lignes. Funestes carambolages propose la peinture de sentiments pudiques, et la réalité de la douleur et du remord.
Bref, une bonne lecture, dont l'amorce est finalement un peu gâchée par la présentation qui en est faite. Mais une fois dépassé cela, et une fois acquis le fait que cette histoire est différente, on passe un très bon moment.