Les Chroniques de l'Imaginaire

Le tueur intime (Will Edwards - 1) - Favan, Claire

Pour son premier roman, Claire Favan a choisi de faire entrer le lecteur dans la tête du tueur. Cette idée lui est venue à la lecture de nombreux romans policiers, dans lesquels les motivations des meurtriers ne lui semblaient pas suffisament exploitées. D'où le défi qu'elle s'est lancée : "écrire l'histoire, la plus réaliste possible, d'un de ces hommes".

Force est de constater que le défi a été remporté haut la main. Le lecteur fait la connaissance du petit Will Edwards. Souffre-douleur de ses camarades d'école, victime d'abus sexuels de la part de son père, il est déjà en marge. Un jour, la nouvelle de sa classe, Samantha, s'interpose entre lui et un garçon qui lui cherchait la bagarre. Une lueur d'espoir jaillit devant Will : Samantha sera là pour le protéger désormais. Mais une nuit où Will se fait violer par son père, Samantha n'est pas là. C'est le déclic pour lui : il se vengera de son père, de sa mère décédée qui n'a rien fait pour lui, de la vie simplement. C'est la genèse de son destin de tueur en série.

Pendant plusieurs années, le lecteur va suivre Will. On sait ce qui lui passe par la tête, pourquoi il agit comme il le fait, et on va évidemment assister à ses crimes. Le tueur est très intelligent, rusé, et a appris à passer inaperçu. Il vadrouille dans l'ensemble des états américains afin de brouiller les pistes, n'a aucune attache, si ce n'est Samantha, qu'il veut asservir à petit feu insidieusement. A cette fin, tous les moyens sont bons, y compris éliminer son entourage. Le roman prend un nouveau tournant lorsque le FBI se rend compte qu'un tueur en série sévit aux Etats-Unis. Cette intervention apparait assez tard dans le roman, mais à point nommé dans l'histoire : le lecteur a eu le temps de se familiarier avec Le tueur intime, et le duel avec les agents fédéraux apporte un nouveau souffle à l'intrigue. Le jeu du chat et de la souris qui va s'ensuivre est formidablement excitant, notamment grâce au profiler RJ Scanlon.

Si vous avez envie d'un très bon polar et qui plus est d'une originalité rarement lue, foncez. L'intrigue est palpitante, on ne voit pas passer les 636 pages, le tout est extrêmement bien construit et cohérent. L'auteure avoue ne jamais avoir mis un pied aux Etats-Unis et ne pas connaître la criminologie, peu importe, moi non plus, et rien ne m'a paru invraisemblable, bien au contraire. Indubitablement, Claire Favan est une auteure qu'il faudra suivre de près. J'ai été embarquée du début à la fin, et je me languis de lire la suite : Le tueur de l'ombre.