Les Chroniques de l'Imaginaire

La Terre mourante (La Terre mourante - 2) - Vance, Jack

Par un funeste coup du sort, voilà Cugel l'Astucieux de nouveau transporté sur une lointaine plage du Nord. Habité d'un ardent désir de vengeance envers Iucounu le Magicien Rieur, l'aventurier entreprend le difficile voyage du retour. Mais comme de juste, le périple n'est pas de tout repos, dans ces contrées exotiques où se côtoient des peuples étranges, des créatures improbables et des magiciens de tout crin !

Dans cette suite (et fin) de l'intégrale de La Terre mourante de Jack Vance, nous retrouvons d'abord Cugel, le héros déjà croisé dans le volume précédent, dans Cugel Saga. Le récit commence tout de suite par une petite incohérence : Cugel rend Iucounu responsable de ses nouveaux malheurs, alors que dans la fin du tome précédent c'est une erreur de prononciation de sa part (alors qu'il se vengeait enfin de son ennemi !) qui le menait dans sa triste situation. Passons.

Cugel reste ici fidèle à lui-même : au fil de ses aventures, toutes plus étonnantes les unes que les autres, il se révèle escroc, roublard, égoïste, bref un parangon de vertus... Je le trouve cependant moins désagréable que précédemment : il lui arrive régulièrement de faire preuve de bonne volonté, sa filouterie ne prenant le dessus que face à une malhonnêteté plus manifeste encore de la part de son entourage. Il est également très souvent la victime de la tricherie plutôt que son initiateur, alternant équitablement bonnes et mauvaises fortunes. Voilà qui nous rend Cugel plus sympathique, et donc ses nombreuses aventures plus plaisantes à lire, nous laissant le loisir d'admirer au passage l'inventivité de l'auteur.

Vient ensuite le roman Rhialto le Merveilleux, qui s'intéresse au héros du même nom. Celui-ci se révèle bien différent de l'astucieux aventurier : c'est un puissant magicien, d'une grande prestance, maniéré, qui plait aux femmes et bien sûr irrite d'autant les hommes, qui le jugent prétentieux et orgueilleux. Pas toujours très honnête, mais c'est l'époque qui veut ça.

Au contraire des aventures de Cugel, dont le voyage était une suite d'événements relativement indépendants, nous avons ici trois récits étoffés, qu'il faut lire entièrement pour les apprécier : une cabale contre une dangereuse sorcière, une quête d'un artefact précieux qui mènera le magicien dans le passé pour triompher d'un rival jaloux et une aventure aux confins de l'univers à la recherche du secret des puissantes pierres IOUN, convoitées par tous les magiciens. Rhialto appartient à une guilde de magiciens et a souvent affaire à ses membres, bien que ce soit rarement en toute amitié. Ses relations avec son "ami" le plus proche, Ildefonse le Précepteur, oscillent continuellement sur le fil entre l'association et la tromperie. Le tout donne lieu à des péripéties plutôt réjouissantes, tous ces magiciens essayant de se doubler les uns les autres...

Bref, j'ai largement préféré ces deux histoires à celles du volume précédent : peut-être parce qu'elles ont été écrites plus tardivement par l'auteur (près de vingt ans plus tard, respectivement en 1983 et 1984) ? En tout cas, j'ai passé un très bon moment en compagnie de ces personnages hauts en couleur.