Les Chroniques de l'Imaginaire

L'affaire de la veuve noire - Tristante, Jeronimo

Rendu célèbre par l'affaire de la maison Aranda, heureux chez lui avec Clara et leur fille, Victor Ros n'a pas grand-chose à demander à l'existence, d'autant que son métier le passionne, surtout quand se produisent ces mystères qu'il aime à résoudre. Ainsi de l'amputation du colonel Ansuàtegui, ou pour mieux dire de son cadavre : comment diable, dans une morgue cadenassée, et dont la porte était gardée par deux soldats, quelqu'un a-t'il pu couper le doigt et emporter la bague qu'il portait toujours ? Comment se fait-il que le marquis de la Entrada soit mort si subitement, alors qu'il était en parfaite santé malgré son âge ? Comment une dépouille de mendiant a-t'elle pu disparaître ?
Entre Madrid et Cordoue, Ros aura besoin de tous ses talents, et de l'aide de ses amis, pour résoudre cette affaire complexe à souhaits.

L'hommage à Conan Doyle est clair (voir page 170 : "si les explications logiques d'un fait doivent être écartées, la seule solution qui nous reste est, par défaut, la bonne, aussi incroyable qu'elle puisse paraître"). Si, d'une certaine façon, le personnage créé par Tristante est l'opposé du détective londonien, par sa joie de vivre et l'amour qu'il porte à son épouse, sa façon d'élucider les énigmes lui doit à l'évidence beaucoup. Il n'empêche que l'atmosphère très espagnole de ce roman apporte une touche qui le rend tout aussi différent de son illustre modèle, et en fait une oeuvre originale.

Certes, les "coups de théâtre" de Ros n'en sont pas forcément pour le lecteur, mais ils sont crédibles dans le contexte de l'époque. Les personnages sont très réussis, avec une galerie impressionnante de figures secondaires marquantes (Patrocinio, Teodoro, Vicente Sànchez,... il faudrait les citer tous !). D'un rebondissement à l'autre, l'action ne s'arrête jamais, et on ne s'ennuie pas un instant. Les lecteurs intéressés par l'histoire espagnole revisiteront avec plaisir cette partie du XIXe siècle, mais elle est évoquée suffisamment à propos, et avec assez de légèreté pour ne pas rebuter les autres.

En somme, un autre très bon roman que les amateurs de Le mystère de la maison Aranda ne pourront que plébisciter également. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore l'auteur, cet opus peut bien sûr se lire indépendamment du précédent.