A vingt ans, David obtient un entretien d'embauche pour intégrer une société de jeux pour console ou réseau. C'est un rêve à portée de main qui peut se réaliser. Le nerd asocial d'une petite ville de Caroline du Nord va pouvoir trouver sa place à New York, dans une des plus grandes firmes du jeu vidéo, et il va pouvoir développer ce qu'il mûrit dans sa tête depuis des années, vivre sa vie.
C'était sans compter la réapparition d'une personne qu'il n'avait pas vue depuis dix ans : Richard, son ami imaginaire. David était toujours seul, même à l'école, si insignifiant qu'on ne pensait même pas à lui pour être souffre-douleur. Richard était son seul ami, son compagnon de jeu, son protecteur, quitte à se venger pour lui si quelqu'un lui causait du tort.
Cette intervention perturbe David, et à raison : comment un personnage qu'on a inventé peut-il surgir dans un aéroport ? Comment peut-il payer un café ? Avoir son appartement ? D'autant que Richard compte reprendre son rôle d'antan, et faire payer quiconque met des bâtons dans les roues de son protégé. Mais David ne souhaite pas que Richard réintègre sa vie, dans laquelle il se fait de vrais amis, avec des centres d'intérêt communs, et tente de s'en éloigner. S'ensuivra un duel entre les deux "amis", dont un seul devra réchapper.
L'idée de départ est sympathique, avec cette confrontation entre le réel et l'imaginaire, le "côté obscur" de Richard, et la narration de David sous forme de journal intime. Le langage correspond à celui qu'emploient les grands adolescents, agrémenté d'expressions et de notions geek, ce qui en fait un livre vivant, moderne, proche du lectorat visé. Mais à mon sens, le roman ne va pas au bout de ses promesses : des pistes sont ouvertes sans être explorées, il y a des incohérences, et le fin mot de l'histoire reste confus. Peut-être est-ce là une volonté de Xavier Mauméjean, mais j'en garde un goût d'inachevé.