Les Chroniques de l'Imaginaire

Réponses (Uchronie(s) - 10) - Corbeyran, Eric & Chabbert, Eric

A l'orphelinat Martin Luther King de New Harlem, un couple vient chercher un enfant. Peut leur importe si l'enfant est plus âgé. Ils savent que les bébés sont les plus demandés, mais les enfants plus grands ont droit eux aussi à leur bonheur. Après un défilé qui fait clairement penser à une identification de suspect dans une enquête policière, les deux parents se mettent d'accord sur un enfant. Il se prénomme Allan. Et les parents sont les Galloway. De temps en temps, Allan dit des choses un peu étranges, comme s'il avait des visions. Deux ans après son adoption, il a même une absence pendant le petit déjeuner. Quand il revient, il dit avoir rêvé de son père qui tombait de son échafaudage au travail. Sa mère le rassure, jusqu'à ce qu'elle décroche le téléphone qui sonne. Son mari vient de mourir. Un jour, un étudiant du nom d'Andy Miller va sonner à la porte de madame Galloway. Il voudrait faire passer des tests à Allan, dans le cadre de ses études. En effet, Andy Miller pense qu'Allan pourrait être un prescient. Et les tests vont rapidement le prouver. Ce qui va attirer les attentions d'un homme d'affaire qui va proposer de racheter Allan. Inconcevable… mais les choses vont vraiment mal. Finalement, Allan va accepter la proposition pour que sa mère soit mise loin du besoin. Les années passent, et il va faire gagner beaucoup d'argent à la société de son patron, Richard. Mais va arriver un jour où Allan ne verra plus le futur, mais le passé. Or, à New Harlem, on ne doit pas parler du passé. C'est alors que les choses vont s'enchainer pour Allan. Et pas de la meilleure des façons.

Clôturer la série Uchronie(s) par le personnage que l'on a vu se faire descendre un certain nombre de fois lors d'un contrôle de police était la chose la plus intelligente à faire, même si on ne s'y attendait pas forcément. En faisant se passer le dernier tome à New Harlem, Eric Corbeyran nous a une nouvelle fois pris à contrepied. Mais, à la lecture de ce Réponses, on se dit qu'il a eu raison. Déjà parce que le tome se lit tout seul. Ensuite, le personnage d'Allan est touchant malgré tout, surtout lorsqu'il est enfant et déjà si mature. Et puis, les réponses que l'on va obtenir se tiennent malgré tout. Bien sûr, on pourra reprocher certains raccourcis au scénariste, mais la réussite de son projet ambitieux ne fait aucun doute. Uchronie(s) est une réussite qui ne demande maintenant plus qu'à être relu dans divers sens afin de mieux en extraire la substance.

On connaissait le dessin d'Eric Chabbert sur la série puisque c'est lui qui a déjà officié sur les tomes de New Byzance. Il arrive très bien à intégrer les données de New Harlem et offre un dessin toujours aussi bien fait et précis. J'ai beaucoup apprécié les vues aériennes de la ville et les bâtiments contenant des statues africaines. Ça a de la gueule, même si on peu de chances de voir cela un jour sur nos propres bâtiments frileux.

Une dernière chose : la fin fait vraiment froid dans le dos. Surtout que ce genre de manipulation n'est certainement pas une chose réservé à la fiction en bande dessinée. Prudence.