Eléonore de Coursange a vu son univers s'effondrer : son mari s'est suicidé, et son ancienne société, l'Agence de sécurité économique, a été violemment démantelée par des politiciens haut placés que ses investigations gênaient. Ses amis et ses soutiens, son père notamment, ont été emprisonnés ou mis au secret. Après onze jours de garde-à-vue, et une assez brève phase de dégringolade mentale, elle s'est reconstruite et a fondé, avec les collaborateurs qui lui restaient, l'I3S qui se veut une entreprise d'investigations travaillant sur des sujets moins sensibles que les entourloupes économiques européennes.
Mais on ne se refait pas : Léo finit par remettre le pied à l'étrier... En premier lieu pour sortir son meilleur ami de prison, car celui-ci vient d'apprendre sa séropositivité et menace de se suicider. Accusé à tort de pédophilie par sa femme et un jeune garçon dont il aurait profité, il est incarcéré à la Santé dans des conditions dignes des meilleures pénitenciers tiers-mondistes. Dans ses recherches, elle découvre en même temps que son père a, contrairement à ses convictions les plus profondes, effectivement vendu des informations aux Russes, et que s'il l'a fait, c'était pour préserver la fille de Léo, enlevée il y a des années, et toujours en vie grâce à lui. Et Valeriane, sa mère, détient de cruciales informations, mais elle va mourir d'une récidive de cancer, et ne veut pas pour autant vendre la mèche à sa fille avec laquelle elle ne s'est jamais entendu. Dans la foulée, Léo est contactée par un très secret agent d'Israël qui voit en elle un atout pour la survie agronomique de son pays et lui demande donc de reprendre ses anciennes activités. Elle retrouve ses contacts d'alors et les chevaux de bataille auxquels elle s'était promis de renoncer, et se lance à nouveau dans la lutte, en espérant cette fois ne pas avoir à le payer trop cher...
Catherine Fradier nous entraîne dans son univers parfaitement documenté d'enfers économiques aux enjeux mondiaux, où l'individu a si peu de poids, face au pouvoir de l'argent et de la domination des marchés. Ses personnages attachants et réalistes, son écriture fine et simple, et son intrigue prenante font de La Face cachée des miroirs un monument du genre, à recommander même à ceux que le sujet n'intéresserait pas. Le bon travail d'édition auquel les éditions Au Diable Vauvert nous ont habitués en fait par ailleurs un bel objet qu'on offre volontiers et que l'on peut mettre entre toutes les mains, car les personnages ont une vie en-dehors de leur travail ; leur histoire, leurs plaies, leurs amours, peuvent toucher plus d'un lecteur. A lire donc absolument, avec, ou non, la connaissance préalable de Cristal défense, le précédent opus.