Les Chroniques de l'Imaginaire

Pierrot lunaire (Pierrot lunaire - 1) - Dodé, Antoine

Nous sommes dans une école pour adolescents de familles particulièrement riches, quelque part en Suisse. Les pensionnaires sont plusieurs par chambre, séparés par sexe. Notamment, la jeune Anna Anderson est avec d'autres filles qui ne l'apprécient guère, à cause avant tout de sa fâcheuse tendance à hurler à la mort au beau milieu de la nuit. Il faut dire qu'elle fait des rencontres (dont on ne sait trop si elles sont réelles ou le fruit de son imagination) pour le moins inattendues, avec un certain Pierrot, être écarlate semblant apparaître uniquement à des instants où la lune est parfaitement visible.

Les gosses ont beau venir de milieux favorisés, ils n'en sont pas moins gouailleurs et assez indisciplinés entre eux. Il n'y a qu'à voir les épreuves que certains d'entre eux font subir à d'autres, à l'abri des regards des professeurs, en se nommant les uns les autres avec des noms de démons. Ainsi, il n'est pas rare de croiser Asmodée, Belzébuth, ou même carrément Lucifer, de son vrai prénom Louis : le chef de la bande, et le responsable de l'organisation de ses rendez-vous secrets et lugubres.

Et lorsqu'un nouvel élève arrive, et qu'il est boursier (c'est-à-dire issu d'une famille modeste, ou normale) tout en ayant de meilleures notes que les gosses de riches, là, cela commence à aller vraiment mal au sein de la communauté de démons. Ajoutez à cela qu'il est hyper mignon et qu'il attire toutes les filles de l'école, et vous commencerez à mieux comprendre l'énervement ambiant. D'autant que la tension est à son comble, notamment entre Lucifer et son ennemi de toujours, Samaël, aujourd'hui rendu aveugle par celui qui pourtant était son meilleur ami à l'époque.

Voilà pour ce qui vous attend dans ce premier opus de Pierrot lunaire, édité chez Ankama. Anna Anderson est un personnage énigmatique, certes, sur lequel l'histoire semble s'intéresser particulièrement au départ, et finalement, non : pas tant que ça... A voir ce que les visions du dit Pierrot donneront avec le second tome, parce que pour le moment, c'est encore assez difficile à cerner.

Et c'est bien le problème ici : les élèves de tous âges sont particulièrement nombreux dans cette école, et à l'issue de la lecture de ce tome, peu d'entre eux se dégagent vraiment du lot : on passe peut-être un peu trop vite de l'un à l'autre. Oh : la narration essaie bien de fouiller de temps en temps tel ou tel de ces élèves, mais cela sans réellement convaincre pour le moment.

Côté graphisme, c'est sombre à souhait, avec ces élèves si fragiles (pour certains en tout cas, notamment les plus jeunes qui passent leurs épreuves pour avoir le droit de porter un nom de démon) dans une école si vaste et glauque. Ce n'est pas sans rappeler parfois le Poudlard de Harry Potter, même si on est bien loin de la majesté de la dite série. Le dessin en noir et blanc reste assez lisse et ne parvient pas à accrocher véritablement le regard.

Un premier tome qui ne m'a en tout cas pas vraiment convaincu : un revirement de situation demeure néanmoins encore possible.