Karelane était une cité gigantesque. Ses hauts murs protégeaient leurs habitants des dangers de la montée des eaux. Seulement, son statut avait attiré beaucoup de monde et les habitants de la ville ne voulaient pas forcément voir rôder ces réfugiés dans leurs rues. Ils les ont donc autorisés à venir habiter aux pieds de la ville, dans les faubourgs marécageux, qui à chaque orage sont intégralement à reconstruire. De plus, les seigneurs de Karelane se servent des " moucherons ", c'est comme ça qu'ils appellent les réfugiés, pour les travaux pour construire un nouveau mur. C'est un travail pénible et dangereux et mieux vaut que ce soient les moucherons qui périssent qu'un des précieux habitants de la cité. Surtout qu'ils acceptent sans mal de se faire traiter comme des esclaves, et donc fouetter si le travail n'avance pas assez vite.
C'est donc à Karelane que Yama et Miklos vont essayer de retrouver Orland, le meurtrier du père de Yama, et qui a aussi enlevé sa mère. Seulement, ils vont tout de suite s'apercevoir que si on ne nait pas à Karelane, on n'a presque aucune chance de pouvoir franchir les murs de la cité, surtout quand on n'a rien à vendre. Mais cela ne va pas les décourager. Et ils vont faire la connaissance d'Augérias, une femme au grand cur qui vit dans les faubourgs, et de son fils qui vont les héberger un temps. Orland, pourtant, n'est pas loin et sa méchanceté semble toujours aussi grande, comme peut en témoigner son fils, Ilango.
Fin 2009 paraissait le premier tome de Les épées de verre. Le travail monumental fait sur la série avait marqué les esprits. Voici qu'en ce début d'année 2001, le deuxième tome arrive. Et Sylviane Corgiat et Laura Zuccheri n'ont pas ménagé leurs efforts pour nous donner un tome tout aussi riche et beau. Laura Zuccheri a un style riche, détaille, coloré, sans pour autant être illisible. Ses planches sont superbes, sans fautes, et elle maîtrise aussi bien les personnages que les décors. Ces décors qui, pour la cité, sont forcément très présents et chargés. Elle arrive à donner beaucoup de vie à ces rues qui auraient pu être une enfilade de pierres mornes sans âme (rappelez-vous Minas Tirith dans le film Le seigneur des anneaux). Mais ce n'est pas le cas. Et c'est là qu'on voit que les deux femmes sont en phase dans leur travail. En effet, Sylviane Corgiat nous a proposé une histoire qui part sur des bases classiques. Mais ce sont tous les détails annexes, notamment les petits riens qui font que le monde n'est pas figé, qui la grandisse. Et Zuccheri arrive parfaitement à retranscrire l'essentiel tout en y ajoutant le nécessaire pour que ce monde soit non seulement crédible mais aussi complet.
La quête des épées de verre est un peu mise de côté dans ce tome, pour se concentrer sur deux choses : la recherche d'Orland et les relations ambigües entre Yama et Miklos. De nouvelles pierres sont apportées à l'histoire ; des pierres qui pourraient sembler un peu inutile au début, mais qui prennent du sens au fil des pages. A noter que la fin nous donne à réfléchir sur ce que va être la suite. Mais elle promet d'être riche en rebondissements et surprises. Vivement !