La revanche de Flint est le troisième volet des aventures de Grace Flint, après Flint et Nom de code : Mandragore.
Grace Flint est directrice adjointe de la Force d'intervention financière à Washington. Cela fait quatre ans qu'elle traque un escroc plein aux as qui blanchit de l'argent, mais tellement rusé qu'on manque de preuves pour l'inculper. Flint est encore fragile. Son mari n'était en fait qu'un espion payé pour jouer une mascarade, pour avoir accès à ses dossiers, et elle l'a vu mourir sous ses yeux. Elle était enceinte de lui, mais dégoutée de porter en elle un peu de celui qui l'a trahie, elle a laissé le petit Jack avec son grand-père, en Angleterre.
On assiste donc aux tourments de Flint, partagée entre sa culpabilité de mauvaise mère et sa détermination renforcée à confondre Gröber et par la même occasion son acolyte Carçani. A cette fin, elle monte avec son équipe une mission d'infiltration. Elle est censée avoir laissé derrière elle toutre trace de sa vraie vie mais par sentimentalisme, n'a pu se débarrasser de vidéos de son fils. Sa couverture est grillée, son fils en danger. Elle doit arrêter les deux hommes, coûte que coûte.
On pourrait penser que les évènements s'accélèrent à ce moment là mais ce n'est pas le cas, car dans ce roman, tout va vite, très vite. Les chapitres sont courts, changent de lieux - Milan, Washington, Floride..., et changent de point de vue, car on suit aussi les escrocs. Des séances chez la psychologue interviennent régulièrement dans le récit, permettant d'en savoir plus sur le passé de Flint si on a manqué les deux précédents tomes, permettant aussi de mieux la comprendre, et au lecteur de reprendre son souffle. L'intrigue est prenante, car bien contruite et intelligente, et le style de l'auteur est intéressant. Il présente les faits, puis il fait une avance rapide et un personnage se charge de raconter ce qui s'est passé entre temps. Il utilise beaucoup les dialogues, mais aussi des dialogues intérieurs, mettant en italique ce que les personnages pensent tout bas. Cette écriture ajoutée au rythme rapide des chapitres donne un récit vivant, dynamique, et on tourne les pages les unes après les autres sans s'en rendre compte, emportés par le récit.
De plus, Paul Eddy, avant d'être romancier, était un journaliste d'investigation, spécialisé dans les affaires d'espionnage, de trafics de drogue et de corruption. Et ça se voit. Sans tomber dans le piège du jargon auquel le profane n'entend pas grand chose, l'auteur nous entraîne avec Flint et son équipe dans une machination intelligible pour confondre les deux escrocs. Le roman est loin de l'essai sur les niches fiscales, l'argent sale etc, mais on en apprend beaucoup sur ces questions et la crédibilité de l'histoire s'en trouve renforcée.
Ce roman peut très bien se lire sans connaître les précédents tomes, les mentions des évènements passés donnant au lecteur une bonne appréciation du contexte. La fin de ce volet laisse présager une suite. Malheureusement, Paul Eddy est décédé en décembre 2009, et à ma connaissance, La revanche de Flint restera le dernier de la série.
