Cet exemplaire d'Alibis gâte particulièrement les amateurs de nouvelles en tout genre.
En effet, ce ne sont pas moins de cinq nouvelles, toutes très différentes les unes des autres que l'on retrouve dans ce numéro.
Des fictions de Sébatien Aubry (Café fumant, complicité et petits crimes), S.S Nachbauer (ce long matin noir sous nos vides), Marguerite Hardy (Un étranger dans mon jardin), Geneviève Parent (trois fois passera) et Catherine F Sylvestre (La puce à l'oreille) qui, sans aucun doute et chacune dans leur style vous enchanteront. Je confesse personnellement un petit coup de coeur pour le côté noir et quelque peu cynique de l'excellente production de Nachbauer, ou l'homme qui se réveille quelque part pourrait autant être fou, trompé, leurré ou clairvoyant, coupable ou innocent. Lambiguïté et finalement la non réponse m'a particulièrement séduite.
Sébatien Aubry nous offre lui un cadre peut être plus conventionnel mais non moins sympathique ou la faiblesse humaine est particulièrement décrite, de l'orgueil au narcissisme, de la haine à la vengeance, la bascule peut être tellement rapide.....
Marguerite Hardy propose également un schéma classique ou la notion de bien et de mal apparait dans toute sa subjectivité, ou le protectionnisme d'une soeur se transforme en folie meurtrière.
Geneviève Parent nous propose elle un récit un peu glauque, ou l'incertitude se partage à la désillusion et ou finalement l'on s'en remet à un instinct primaire et animal totalement fondamental.
Enfin, Catherine F. Sylvestre nous fait basculer dans un autre temps. Un usage un peu suranné du langage plante un décors quelque peu atypique pour une intrigue au départ banale qui pourtant décolle en quelques lignes...
Vraiment un excellent numéro de ce point de vue.
Viens ensuite une très bonne interview de Philippe Kerr, réalisée par Florence Meney. L'auteur de la célèbre Trilogie Berlinoise est venu au Québec après la parution francophone de son dernier ouvrage: Une douce flamme. Si comme moi, vous aimez la simplicité et la sincérité, je pense que vous apprécierez aussi je pense le discours de cet auteur spécialisé dans le roman noir historique. Une petite intrusion dans l'univers de l'homme qui permettra certainement à un grand nombre n'envisager son oeuvre sous un autre éclairage.
La chronique Destination scène de crime envisage cette fois ci une nouvelle mode, une nouvelle forme de "tourisme" disons "culturel". Depuis le succès foudroyant du Da vinci Code, il s'est agit de permettre au lecteur de suivre son héros. La pratique se démocratise donc, et de plus en plus souvent il est possible aujourd'hui de découvrir un pays, une ville, un lieu quelconque au travers les yeux ou les aventures de votre héros préféré. De robert Langston à Scherlock Holmes en passant par Rébus, c'est réellement une nouvelle forme de tourisme qui est envisagée.
Le traditionnel Crime en vitrine présente lui, assez succinctement, comme à son habitude les dernières sorties littéraires.
Enfin, et encore une fois "dans la mire" propose une analyse sans concession de certaines parutions francophones. J'avoue avoir été particulièrement bluffée par la critique de Contre Dieu de Patrick Senecal, qui je pense ne restera pas encore bien longtemps loin de ma bibliothèque.
Pour un second numéro confié à ma lecture, j'avoue y avoir cette fois encore pris beaucoup de plaisir. Voilà à mon sens un numéro anniversaire particulièrement réussi. Souhaitons donc 10 années supplémentaires à cette super revue.