Les Chroniques de l'Imaginaire

Les courants fourbes du lac Tai (Une enquête de l'inspecteur Chen - 8) - Qiu, Xiaolong

Le secrétaire général Zhao offre à l'inspecteur Chen Cao une semaine de séjour au Centre de détente pour les hauts cadres du Parti à Wuxi, lui-même ne pouvant en bénéficier. Il ne manque pas, toutefois, de suggérer à Chen, de ne pas hésiter à porter à son attention ce qui pourrait lui paraître insolite et/ou important à Wuxi. Or, Chen fait par hasard la connaissance de la jeune Shanshan, ingénieur en environnement, qui dénonce avec feu, chiffres à l'appui, la pollution croissante des eaux du si beau lac Tai. L'entreprise qui emploie la jeune femme étant un acteur majeur de cette pollution, sa position est délicate, elle est menacée de licenciement, et il n'y a rien d'étonnant à ce qu'elle soit soupçonnée quand Liu, le directeur de l'usine, est assassiné.

Comme dans les autres romans de la série des enquêtes de l'inspecteur Chen, l'auteur utilise la forme du roman policier pour dénoncer les travers de l'actuelle société chinoise. Ici, c'est du sacrifice de l'environnement, et de la santé des habitants, sur l'autel de la productivité et de la rentabilité, qu'il s'agit. L'enquête proprement dite est de peu d'intérêt, si l'hommage léger à Sherlock Holmes est comme un "private joke" plaisant entre l'auteur et les lecteurs du genre. Il n'empêche que l'écriture est vraiment très particulière, avec ces citations constantes de poèmes, qui, sans nuire à l'action, lui donnent un arrière-plan, une profondeur. Les personnages sont assez archétypiques, mais le personnage de l'inspecteur est intéressant, dans son rôle de Don Quichotte réaliste (ce qui semblait pourtant une contradiction dans les termes !), sans compter que le fait qu'il soit poète en plus d'être inspecteur principal ne peut manquer d'évoquer P.D. James et son inspecteur Dalgliesh. En somme, ce roman fait passer un très bon moment de lecture, et donne envie de se documenter, de surcroît. Que demander de plus ?