Garrett s'en va traîner son manque d'enthousiasme et d'enquêtes au Joyeux Morlet, provoquant subitement l'arrêt des conversations et répandant un nuage méphitique de morosité, à son grand désarroi. Ce constat plutôt douloureux pour l'orgueil de notre héros ne fait qu'accentuer sa tendance naturelle à maugréer. Au cours de cette soirée où l'allégresse n'est pas l'invitée principale loin s'en faut, un incident violent et perturbant va mettre une créature de rêve aux abois, brune mais tant pis, sur le chemin du détective séducteur.
Il faut bien avouer que Garrett subit de plein fouet deux formes de pénurie : une absence de travail dont il ne se plaint pas outre mesure et une disette de rouquines ce qu'il regrette amèrement. Aussi, lorsque l'homme-mort et Dean l'accueillent avec des airs de conspirateurs, s'attend-il au pire. Ils lui ont déniché un emploi qui consiste à suivre un homme qui va sortir de prison et à rendre compte de ses faits et gestes.
Quand Garrett apprend l'identité de celui qu'il doit suivre à la trace, un personnage plus connu sous l'appellation de d'Amato l'aboyeur, il demeure stupéfait car, malgré sa situation actuelle pour le moins inconfortable, ce dernier est plutôt inoffensif.
On retrouve avec grand plaisir le sixième opus des aventures de Garrett, détective privé râleur, un peu fainéant aux entournures et séducteur malgré sa trogne cassée. Il est flanqué de ses éternels compagnons à savoir Dean, son homme à tout faire et l'homme-mort, son hôte permanent. De nouvelles recrues viennent grossir les rangs comme le commandant du Guet Westman Block. Le Prince Rupert met une telle pression sur ses épaules qu'il se voit contraint de faire appel à l'enquêteur et à son légendaire sens de la déduction, malgré une inimitié tenace, afin de résoudre l'affaire sordide du découpeur de jeunes femmes au plus vite. On assiste à une descente dans les coins peu recommandables de Tonnefaire puisque les cadavres sont retrouvés dans les bas-fonds. Un autre voyage dans le quartier chaud de Doucecroupe s'impose rapidement au cours des recherches d'un Garrett plein d'une énergie nouvelle car son indignation vis-à-vis de ces crimes horribles a réveillé sa fibre travailleuse.
L'héroïne de ce nouvel épisode est sans conteste la fille de Chodo Montague, le chef de la pègre avec qui Garrett avait eu des mots lors de sa précédente enquête. Bélinda Montague est, pour changer, une brune incendiaire qui allume des étincelles dans le corps et la tête de notre détective préféré, même si ces dernières sont rapidement douchées à l'annonce de son identité. Elle croise le chemin de Garrett à de nombreuses reprises, pas toujours pour le bien de celui-ci.
Humour et répliques assassines sont de nouveau au rendez-vous de ce sixième volume à la grande satisfaction du lecteur face à un divertissement plaisant qui a déjà fait ses preuves. Bien évidemment on commence à connaître la chanson, c'est-à-dire le héros et ses compagnons de beuveries ou de discussions plus ou moins animées. Il est vrai aussi que les intrigues secondaires viennent parasiter la principale, la résolution des meurtres, sans apporter de véritable intérêt au récit. De plus, les actions se suivent et se ressemblent donnant l'impression d'un éternel recommencement de l'enquête.
En conclusion point d'originalité ici et un scénario un poil boiteux, mal ficelé. L'aspect négatif étant posé, on peut tout de même remarquer que Garrett demeure un personnage intéressant. Glen Cook a su l'entourer d'un ramassis de personnalités moins recommandables les unes que les autres et le style efficace de l'écrivain est suffisamment agréable et drôle pour ne pas donner envie de lâcher l'affaire. Certainement un bon point et une qualité plus que nécessaire pour continuer d'attirer le lecteur en quête de sensations.