Nous sommes dans les années 30, quelque part dans une république bananière d'Amérique Centrale. L'épouse d'un ambassadeur français est prise de malaise lors d'une soirée mondaine, et pour cause : celle-ci a été empoisonnée, et il est même surprenant qu'elle ait réussi à survivre à une telle dose de poison. C'est un policier français, Charles-André Lafleur, un homme rondouillard qui voyage beaucoup, qui est chargé de l'enquête. L'homme est réputé comme ne connaissant aucun échec, et très vite, il se rend compte que l'épouse en question n'est pas vraiment toute blanche...
Le fait est qu'elle a toujours été très attirée par une vie facile, à la recherche de plaisirs permanents. C'est donc tout naturellement qu'elle a fini par tremper dans la drogue et le sexe. Concernant ce second point, elle a toujours été maîtresse de ses sentiments vis-à-vis de son ambassadeur de mari. Mais dernièrement, elle est tombée réellement amoureuse, d'une superbe fille noire, fille d'une maquerelle que connaît Lafleur depuis toujours...
Sinon, c'est aussi à New-York que l'on retrouve Lafleur, trempé dans une salle affaire dans le milieu de la boxe : Wilson, un jeune boxeur, a été tué dans les bas fonds de la ville... Il semble qu'il ait été victime d'un règlement de compte : il aurait dû se coucher afin de faire gagner les paris sur Emilio Veneto, son adversaire. Pourtant, il a mis cet adversaire KO, ce qui a entraîné sa mort. Lafleur n'est pas seul sur le coup, puisqu'il enquête avec Vanessa, une jeune journaliste fille à papa, qui ose poser les questions qui dérangent. Notamment, il est troublant de voir à quel point Wilson semble surpris d'avoir mis KO Veneto... Aurait-il été victime d'une machination visant à l'éliminer ? Lui, ainsi que le parrain qui se serait trompé en ordonnant sa mort ?
Et c'est enfin entre Paris et le Cambodge que se terminent les enquêtes de Lafleur. Un trafic important a été mis en place entre les deux pays, visant à piller les précieuses oeuvres d'art encore présentes sur certains sites du Cambodge. Un trafic qui n'est pas que celui d'oeuvres d'art, mais également d'opium... Ainsi, c'est un superbe masque de Bouddha qui disparaît lorsqu'une mauvaise manipulation a mis à jour le trafic de drogue.
Bien évidemment, les langues ont bien du mal à se délier parmi les dockers : il faut dire que des personnages très haut placés de l'Etat français sont impliqués...
Cette intégrale regroupe ainsi cinq tomes (en fait, deux dyptiques et un one-shot) de Warnauts et Raives, qui sont deux auteurs qui signent à la fois le scénario et le dessin. Et cela se ressent : la fusion est totale entre le scénario et le graphisme, parfaitement mis en valeur par une colorisation sans faille, jamais criarde, à la perpétuelle recherche des jeux d'ombre et de lumière. L'intégrale est d'un format plus petit que le traditionnel A4. Les dessins, que ce soit les décors ou les expressions, ne se trouvent jamais mis en défaut en tout cas, peut-être bien au contraire.
Le personnage principal, Lafleur, est tout à fait crédible et charismatique. L'homme est un grand voyageur et il a vu et vécu de nombreuses aventures. C'est ce qui transparait aussi à la lecture de cette intégrale, qui a en tout cas le grand mérite de nous faire voyager ! Nous passons ainsi allègrement de l'Amérique Centrale à Paris, de New-York au Cambodge. A chaque fois, les décors font parfaitement mouche et peuvent sans problème faire l'objet de longues minutes d'admiration. Les expressions ne sont pas en reste non plus, ainsi que les jolies femmes, ce qui ne gâche rien, surtout lorsque cela ne tombe jamais dans la vulgarité.
En définitive, L'orfèvre est une série initialement parue entre 2000 et 2004 : il ne reste qu'à saluer l'initiative des éditions Glénat quant à la sortie de cette intégrale, qui pourra faire découvrir ou redécouvrir une excellente série, notamment pour les fans de polars et d'aventures, en quête d'évasion.
