Les Chroniques de l'Imaginaire

Mémoires d'un guerrier : le trèfle rouge - Marco, Jean-Louis

Miguel est un vieil homme taciturne, solitaire, qui passe ses journées sur un banc à regarder la mer. Alors qu'il communique à peine avec sa famille, il demande, ou plutôt ordonne à son petit-fils Gaëtan de s'asseoir à côté de lui, alors que ce dernier venait seulement lui apporter une couverture et l'informer qu'ils allaient bientôt dîner. Le grand-père commence à raconter les aventures qu'il a connues plus jeune, lorsque la race humaine n'avait pas encore éradiqué les Gobelins et les Orts.

C'est ainsi que nous sommes embarqués dans un monde d'héroic fantasy, dans lequel le jeune Miguel fut amené à rencontrer un géant agonisant, à travailler pour Karloff, l'homme le plus puissant de Keifh, en réclamant l'argent dû à son chef à la force du poing. Cet aventurier n'avait peur de rien, pas même de Karloff puisqu'il n'a pas eu de scrupules à mettre sa femme enceinte. Le jeune Gaëtan écoute mais se moque royalement des histoires de son grand-père, qui semble de toute façon avoir plus besoin de parler pour lui-même. Après l'intervention de sa fille qui vient chercher Gaëtan pour couper du bois, il se remémore la naissance de sa petite-fille Maya, et cette histoire nécessitant la quête du trèfle rouge est la plus jolie de toute, égratignant au passage l'image de dur-à-cuire que donne Miguel.

L'ensemble de cette bande-dessinée est globalement rude. Bien que je ne sois pas friande de ce style graphique d'habitude, ici il se prête si bien au propos que ça ne m'a absolument pas gênée, au contraire serais-je tentée d'ajouter. Les traits sont acérés, agressifs, les couleurs sombres (vert, brun, gris) : à l'image de Miguel et de la nature ici hostile. Le héros est hargneux vieux, n'étant pas sûr du prénom de son petit-fils, se raillant de lui ; méfiant, querelleur et fourbe dans sa jeunesse. Mais comme on aime toujours les gros durs on s'attache tout de suite au personnage, et j'ai passé un très bon moment en sa compagnie. Un bémol cependant : quelques pages en plus auraient été les bienvenues pour plonger davantage dans les mémoires de notre guerrier.