Ah, que voilà un Solaris selon mon coeur ! Je l'attendais avec avidité, et il n'a vraiment pas déçu mes attentes. On y trouve :
Ce qui reste de l'ange, de Geneviève Blouin : dans une ambiance un peu post-ap', un mendiant différent des autres est toujours assis contre la statue d'un ange aux ailes que la pollution délite peu à peu. L'intrigue m'a paru assez peu originale, mais j'ai bien aimé le ton, assez pour noter le nom de l'auteure.
Le chasseur et la proie, de Adriana Lorusso : un parvenu veut chasser de vraies proies, et ne peut supporter qu'on lui refuse quelque chose. Tant pis pour lui ! Demi-déception pour moi que cette nouvelle, sans doute attendais-je trop de l'auteure de Ta-Shima...
Un ange noir, de Yves Meynard : c'est juste après la disparition du soleil pour le Fimbulvetr que Hradulf marie son fils aîné, Osfrid. Beau récit de post-ap', ou de planet opera, tout en barbarie suggérée, dans une atmosphère presque exclusivement masculine. L'une de mes préférées, avec son style et sa construction bien maîtrisés et une fin inattendue.
Dernières paroles à La Havane, de Grégoire Mallard : une idée de départ très originale, qui fera frémir tout amoureux des mots. Je l'ai beaucoup aimée, je vous la recommande, mais je n'en dirai pas plus par crainte de la déflorer.
Un pied devant l'autre, de Vincent Aubry : comment passe-t'on de golden boy à ermite renfrogné ? Suivez le guide ! L'une de mes préférées, aussi, celle-ci, avec son ton si particulier, qui, pour moi, la mettrait quelque part entre Gaiman, pour la noirceur et l'ironie, et Lehman pour... vous verrez !
Le Dr Epouvante entre le Marteau et l'Enclume, de Mario Tessier : les souvenirs d'un Super-Vilain de comics, racontés par un spécialiste du genre, ne peuvent être que drôles. Et ils le sont, en effet !
Médias et SF, la fiction dépasse-t'elle la réalité, de Jocelyn Bérubé. Cette courte étude sur la "présence des médias dans la SF de Jean-Pierre April" m'a donné très envie de lire cet écrivain de science-fiction québécois dont, je l'avoue, j'ignorais jusqu'au nom, mais qui, d'après l'auteur de l'article, s'est beaucoup intéressé à la façon dont les images véhiculées par les médias, et surtout la télévision, pouvaient "formater" les masses. Science-Fiction ? Voire !
Les Carnets du Futurible, intitulés cette fois-ci La vallée de l'inquiétante étrangeté, ou est-ce bien vous, Mr Roboto ? de Mario Tessier sont un article passionnant sur l'évolution de la robotique, liée à la "vallée dérangeante" définie par Masahiro Mori en 1970, malaise "dans lequel des sentiments de familiarité, de crainte et de répulsion se mêlent". Il semblerait que nous supportions mieux des robots qui ne nous ressemblent pas... trop. Sommes-nous si peu sûrs d'être humains ? Ou l'humanité reste-t'elle toujours à définir ?
Toujours des critiques intéressantes dans les rubriques Les Littéranautes et Lectures, que l'on soit d'accord ou pas avec le rédacteur de l'article, d'ailleurs. Par exemple, si je souscris tout-à-fait à la critique que fait Elisabeth Vonarburg du Péril bleu, je ne suis pas du tout d'accord avec Philippe-Aubert Côté à propos du Coup du Cavalier, mais j'ai tout autant aimé la lire. Et pour ceux que les critiques intéressent particulièrement, n'oubliez pas d'en poursuivre la lecture en ligne, sur le site de Solaris.
En somme, comme je le disais en préambule, une parution vraiment plaisante de la revue québécoise, dont j'ai en outre beaucoup aimé la charmante couverture, signée Laurine Spehner.