Poussée par la curiosité, Loreena ne peut se retenir d'essayer le magnifique casque d'or que ses parents adoptifs viennent d'acquérir. En effet, elle est particulièrement intriguée par les inscriptions qu'il porte, qui utilisent le même alphabet inconnu que le tatouage qu'elle porte elle-même sur la nuque depuis toujours. Ou du moins depuis qu'elle a été trouvée enfant dans un bois, puisqu'elle n'a aucun souvenir de sa vie avant ce moment.
Bientôt projetée dans un monde parallèle, la jeune femme découvre qu'elle est l'objet d'une prophétie, son destin étant de lutter contre les maléfiques Sorciers qui tentent de dominer le monde. Heureusement, elle ne sera pas seule dans sa lutte, et la coalition s'organise peu à peu, incluant Rois, Elfes et autres volontaires.
De prime abord, la présentation de l'ouvrage m'a laissée dubitative, certains choix ne m'ayant pas semblés très heureux : le mariage de polices différentes au fil des pages, les césures régulières de mots en fin de ligne dont certaines ne respectent d'ailleurs pas les règles du français et surtout la présence constante d'espaces surnuméraires ou au contraire manquants... J'ai fini par comprendre que ces derniers points visaient à obtenir la justification à droite du texte, mais avouons que de nos jours il y a des méthodes plus esthétiques pour cela.
Au fil des pages, on rencontrera aussi de nombreuses fautes de grammaire (surtout de conjugaison et d'accords) ou autres (mots doublés, lettres interverties au sein d'un mot, apostrophes inversées...). Une bonne relecture aurait facilement permis d'éviter ces écueils qui, par leur nombre, finissent par gêner le lecteur ! Peut-être aurait-elle permis également d'améliorer les répétitions fréquentes de mots identiques à quelques lignes d'intervalle, les tournures employées à mauvais escient (genre "il n'avait pas renoncé à perdre espoir", qui signifie littéralement l'inverse du message que l'auteure essayait de faire passer) ou les quelques incohérences scénaristiques (comme des réponses qui ne correspondent pas à la question posée) ?
J'ai passé outre, mais j'ai rapidement eu l'impression de lire une rédaction d'écolier : un style maladroit et naïf où tout est raconté pèle-mêle, incluant une multitude de détails inutiles (comme la description du papier peint ou l'altitude exacte des montagnes) et des dialogues peu naturels (qui parle vraiment à ses parents au passé simple ?). Certes, le vocabulaire est parfois un peu recherché, mais l'effet en est gâché car il sert surtout à mettre en valeur de manière ostentatoire des événements qui ne le méritent guère, les personnages étant à tout bout de champ "subjugués" ou "éperdus de joie"...
Il est rare que la forme puisse ainsi prendre le pas sur le reste, mais si c'est malheureusement le cas ici c'est que le fond n'est guère plus reluisant. On a affaire à un monde tolkienien assez classique (avec Elfes, Nains et tout le tralala), avec le potentiel qui va avec, mais sans la puissance évocatrice de l'original.
Le scénario rappelle celui d'un jeu vidéo : le personnage A va vous orienter vers un personnage B, celui-ci va vous fournir un objet C qui ne sert à rien pour le moment mais que vous devez garder en prévision du moment où vous acquerrez l'objet D, que vous devrez amener dans l'endroit E... Une suite d'événements qui s'enchaînent sans qu'on n'en voie le bout.
Les personnages, pour attachants qu'ils soient, sont peu crédibles, agissant de manière peu naturelle. Au fil de l'aventure, leur nombre croit de manière régulière, car chaque nouveau venu s'intègre à la petite troupe. Ce qui n'est pas sans poser quelques problèmes logistiques, même si la compagnie comprend un cheval ailé géant capable de porter cinq personnes à la fois !
Après la première moitié du volume, on va se recentrer temporairement sur un autre groupe de héros, avec une quête tout à fait dans le même genre. Le dernier chapitre introduit un troisième groupe. On devine bien sûr que tous ces personnages sont amenés à se rencontrer par la suite, mais pour le moment on y gagne seulement d'avoir trois histoires inachevées au lieu d'une.
Bref, vous aurez compris que je n'ai pas du tout été convaincue, comptant régulièrement les pages qui me séparaient de la fin. L'auteure, qui semble sa propre éditrice, propose ce livre pour un public jeunesse, à partir de 10 ans. Je n'ai pas bien compris pourquoi, mais peut-être est-ce simplement parce que ce lectorat est moins exigeant ?