Philippe Fragione est né le 17 septembre 1968. Celui qui deviendra plus tard Chill ou encore Akhenaton, figure emblématique du rap français, se livre dans La face B a un exercice difficile et périlleux : l'autobiographie. Avec l'aide d'Eric Mandel, il va nous dévoiler ce que fut sa vie et son parcours. Il est bien sûr hors de question que je vous refasse sa vie en seulement quelques lignes. Sachez simplement qu'on n'est pas déçu en lisant ce livre. Moi qui ne suis pas un grand amateur des biographies, j'ai plongé dans ces pages avec délectation. Akhenaton a un regard très lucide sur sa vie et sur le milieu dans lequel il évolue. Du coup, on n'a pas l'impression de lire des lignes de quelqu'un qui soit se lamente soit se la raconte complètement. On s'implique dans cette lecture, il nous implique dans cette lecture.
Ponctuée de beaucoup de textes de chansons, cette narration se lit comme un véritable roman. Il faut dire que les débuts d'Akhenaton, notamment sa période newyorkaise, ont tout d'un roman dramatique. Pourtant, lui en garde des souvenirs tendres, je trouve. On n'a donc pas l'impression de subir les plus de cinq cent pages mais bien de les savourer, de les partager. Et c'est agréable.
J'ai toujours été un grand amateur d'IAM, et ce depuis que je les avais vu passer à la Rapline ; ça date un peu maintenant. Pourtant, ma musique principale n'est pas du tout le rap. Mais le rap qui musicalement et textuellement m'interpelle, pourquoi m'en priverais-je ? Donc, grand amateur d'IAM et d'Akhenaton, je trouvais intéressant de découvrir la vie d'un autre métèque de la chanson française. Et on découvre un homme avec ses convictions, ses forces, ses faiblesses, ses blessures, ses joies, ses amours
un homme tout entier. Comme je le disais, Chill a un regard très lucide sur lui-même, mais aussi sur le monde. Il sait nuancer ses propos pour ne pas voir la vie seulement en noir ou blanc. Il a certainement été comme ça à une époque, comme il le reconnait lui-même, mais l'âge a fait qu'il tempère. Cela n'enlève rien à son engagement et à ses convictions.
Même si la fin, très critique vis-à-vis de notre société en général, et de la France dans sa manière d'être en particulier, peut se lire par n'importe quelle personne qui peut ouvrir un peu son esprit, je pense que la majeure partie du livre n'intéressera que les personnes qui apprécient IAM ou Akhenaton ou les deux. En effet, même s'il est intéressant de découvrir la vie de cet artiste qui, depuis plus de vingt années, scande ses textes sur ses disques, l'intérêt est surtout pour ceux qui le suivent. Je ne dis pas que les autres n'y trouveront pas leur bonheur, au contraire, mais ils auront sans doute plus de mal à entrer dans le livre sans certains atomes crochus avec leur auteur.
En tous cas, même si je ne suis toujours pas d'accord avec tout, cela a confirmé l'opinion que j'avais sur Philippe Fragione.
