Françoise de Noiselles est une jeune femme atypique dans ce Paris de la fin du 19è siècle. En avance sur son époque, elle s'exprime librement, ne prête pas attention à son apparence, et refuse de se marier contrairement à ses deux soeurs qui ne cessent d'essayer des robes de mariage. Pourtant leur père tient aux traditions, Julie et Juliette ne se marieront pas tant que leur aînée n'aura pas elle-même convolé en justes noces. Leurs deux promis s'en lamentent mais se consolent vite auprès de filles de joie.
Lorsque son père craint une déconvenue financière, il envoie Françoise à l'ambassade de France en Egypte pour retrouver des cartographes. Or personne ne sait où ils sont et la jeune femme se rend d'abord dans le désert à la rencontre de l'archéologue Howard Carter qui attend un ravitaillement.
Si les dessins d'Ersel et les couleurs d'Aurélie Lecloux donnent de très jolies planches qu'on prend plaisir à regarder, le scénario laisse un goût d'inachevé. On ne sait pas où Ersel veut en venir. On ne sait pas pourquoi Monsieur de Noiselles a besoin des cartographes, on se demande pourquoi lui qui est si traditionnaliste envoie sa fille négocier seule à l'ambassade. Quant à Françoise, on ne sait sur quel pied danser. Si farouche et indépendante à Paris, elle savoure la vie dans un harem en Egypte. Un espion allemand sort d'on ne sait où, et on ne sait pas plus pourquoi. Des personnages illustres apparaissent dans le récit : Toulouse-Lautrec au Moulin-Rouge, Oscar Wilde qui connait Françoise mais le lecteur ne sait pas comment, ainsi qu'Howard Carter qui se prend à retracer l'historique de Napoléon en Egypte alors que cela n'apporte rien à l'histoire. Des scènes de sexe plutôt crues jalonnent le récit. Autant on peut comprendre que les fiancés frustrés se lâchent en maison close, autant l'éveil à la sexualité de Françoise parait peu crédible, la rendant trop naïve par rapport au personnage affranchi qu'elle est censée incarner.
L'ensemble est donc décevant, avec des personnages sans charisme, des situations incongrues et un scénario creux. Dommage, car l'idée d'avoir pour personnage principal une brave héroine mêlée à une affaire d'espionnage dans un décor permettant de très beaux dessins aurait pu aboutir à une excellente histoire.
