La maison d'édition québecoise Coups de tête est spécialisée dans les courts romans, et privilégie l'action, les univers noirs. Son objectif est de donner envie de lire à ceux qui ne lisent pas, ou peu.
Dans Pandémonium cité, nous assistons au retour de Philippe Moreau dans sa ville, Montréal. Il revient d'un long voyage en Europe. Après le décès de son père suivi de sa rupture avec Jeanne, Philippe avait eu besoin de couper les ponts. En retrouvant sa ville, il constate que le climat est étrange. Le ciel est gris, lourd d'orages. Il aperçoit des individus, habillés en gothique, un fusil à la main. Intrigué, il demande à son meilleur ami Vlad de l'aider à avoir le coeur net sur ce qui se passe du côté de l'église où se rendent ces gothiques étranges.
L'intrigue place les deux amis au centre d'une affaire ésotérique, agrémentée de messes noires au cours desquelles des chèvres sont sacrifiées, des paroles mystérieuses proférées. Cela n'est pas sans rappeler les Illuminati de Dan Brown dans Anges et démons ou les loges maçonniques. Ici c'est encore autre chose, car le surnaturel entre en jeu : les "cultistes" veulent appeler un Dieu disparu connu d'eux seuls. L'ésotérisme est un thème en vogue depuis quelques années, autour duquel des auteurs ont construit des intrigues élaborées et passionnantes. Dans Pandémonium cité, l'histoire est trop courte pour qu'on accroche réellement à l'atmosphère mystérieuse et angoissante que David Bergeron a tenté de créer. D'autant que les personnages manquent de crédibilité. La vie de Philippe n'est pas heureuse mais rien ne l'amenait à soudain se sentir investi d'une mission de sauveteur de son quartier. Vlad a vécu la guerre au Monténégro, possède des armes, mais la facilité avec laquelle il tire sur tout ce qui bouge et détruit en partie l'église est déconcertante. L'histoire est coupée régulièrement par des chapitres relatant un rêve de Philippe, dans lequel il se trouve dans Pandémonium cité, en Enfer. Un lien ténu relie la réalité et ce rêve, qui prendra tout son sens à la fin du roman.
Ce qui fait malgré tout le charme de ce roman, pour un Français du moins, c'est la présence régulière de mots et expressions québecoises, tels que "niaiser", "chum" ou encore "essaie-toi même pas". Les Québecois ont aussi l'habitude d'employer beaucoup de mots anglais, comme par exemple "cell" et "gun". C'est assez amusant à lire, et dépaysant. Ce côté plaisant est atténué par des protagonistes au langage grossier, alors que le narrateur emploie une très jolie langue. En somme cela donne un roman qui se lit vite, mais qu'on oublie vite également.