Nous sommes à Rome, sous le règne de l'empereur Trajan, entre 98 et 117 après Jésus-Christ. Durant un spectacle auquel assiste Vahram, un seigneur Parthe en paix avec Rome, un des douze boucliers de Mars fait une chute et tombe devant lui. Pour toute l'assemblée, le doute n'est pas permis : ces boucliers ont toujours été annonciateurs de malheurs pour l'empire romain, et il ne fait aucun doute pour les dieux que les Parthes, Vahram en tête, fomentent quelque plan destiné à nuire à Rome.
C'est Charax, un soldat romain, qui est chargé d'emporter le bouclier. Il est évident que les liens de ce dernier, tout récents, ont été trafiqués pour entraîner cette chute si lourde de significations. Car Vahram ne peut supporter toute les calomnies qu'il entend depuis cette malencontreuse chute : il repart dans ses quartiers orientaux, plutôt en froid avec César... Il faut dire que le peuple romain n'est pas du tout favorable à une éventuelle guerre sur le front oriental, puisqu'une autre guerre est sur le point de s'achever, contre les Daces.
Trajan ne le dit pas, mais cette autre guerre reflète le caractère insatiable de l'empire romain... Cela ne fait aucun doute pour Vahram, qui n'est pas, justement, sans réfléchir longuement sur le mieux à faire, lui qui sait que la guerre contre les Daces a considérablement affaibli la garde du fort de Zeugma, l'entrée gardée entre le royaume parthe et l'empire romain...
Une nouvelle fresque historique romaine... Pourquoi pas ? C'est en tout cas ce que nous proposent les éditions Glénat avec ce premier tome de ce qui sera un tryptique. Sur la forme, le livre est mis en valeur par un autocollant vantant les recommandations par Historia : de bon aloi sur une couverture, certes, mais qu'en est-il réellement ?
Eh bien, sur le plan graphique tout d'abord, il faut bien reconnaître que rien n'est à redire : l'ensemble bénéficie de détails soignés, et il paraît évident que le travail de recherche sur l'époque a dû être important. C'est beau, notamment au niveau des décors et de certains jeux d'ombre, même si cela n'atteint pas le niveau de Murena par exemple, dessiné par Delaby, pour le compte des éditions Dargaud.
Pour autant, le scénario est intéressant, notamment au niveau de Trajan, qui est considéré comme un des meilleurs empereurs que l'empire romain ait connu : l'homme a régné durant l'apogée de l'Empire, et il a contribué à ce que ce dernier atteigne sa plus grande taille, en gagnant de nombreuses guerres et autant de nouveaux territoires. Cette affaire de bouclier qui tombe, de manière sans doute truquée, est loin d'être en reste, et on se surprend à rester accroché à ce tome, même si certains dialogues sont peut-être parfois un peu trop ressemblant à des cours d'Histoire.
Qu'à cela ne tienne : cette série tient toutes ses promesses, et devrait tout à fait ravir les amateurs du genre, désireux de se divertir tout en se cultivant !