Les Chroniques de l'Imaginaire

La grande morille - Leclercq, Pascal

Ce court roman est le troisième relatant les aventures de deux amis belges, Marzi et Outchj. Dans cet épisode, les deux amis ont pour objectif de partir cueillir des "champignongnons", avec une prostituée qui en pince pour Marzi, une homosexuelle qui est la compagne d'Outchj, le capitaine Bastin qui veut diriger la troupe comme à l'armée, et la secrétaire nymphomane du capitaine. Le récit met en parallèle le départ vers la forêt le vendredi, et Marzi seul avec un étrange paquet le dimanche. Que s'est il passé entre-temps ? Nous le saurons au fur et à mesure de l'histoire.

Pascal Leclercq nous propose une aventure totalement loufoque, absurde, dans laquelle pas grand chose n'a de sens. Le thème de l'absurde est très intéressant lorsqu'il est bien traité. Mais ici le récit part bien trop dans des délires incompréhensibles, avec des gags qui ne font même pas sourire. Le thème prédominant est la pornographie et tout ce qui va avec : sado-masochisme, zoophilie, partouzes, scatologie. Sur 150 pages cela représente beaucoup de scènes. Le groupe de six se rencontre d'abord pour ces occupations puis pour la cueillette des champignons, qui se transforme en partie de chasse à l'homme. A ce moment là, la partie devient amusante. D'autant plus que les scènes sont racontées en courts chapitres du point de vue de chacun des personnages. Les personnalités sont tellement différentes qu'il est plaisant de lire leurs pensées. Dommage cependant qu'ils aient tous en point commun d'utiliser un langage extrêmement familier, et même grossier.

Néanmoins, la construction du récit est réussie. Dès la première scène, dimanche, Marzi tue un voleur affublé d'un masque de Mickey qui tentait de lui dérober son précieux paquet. On se rend vite compte qu'il s'agit d'un des membres du groupe, reste à savoir lequel. Petit à petit, on voit Marzi tenter de protéger son paquet et tenter de se souvenir de ce qui s'est passé, tandis que le cours des évènements depuis vendredi est raconté alternativement par chacun des personnages. Ces chapitres sont tout autant de pièces de puzzle qu'on rassemble en vue d'obtenir le fin mot de l'histoire.

Certes, le suspense est bien géré, le déroulement du récit bien mené, et l'auteur use abondamment d'expressions imagées amusantes, originales, plaisantes. Cependant, l'utilisation gratuite du sexe à tort et à travers dessert le livre et donc l'auteur, car il semble de nos jours que ce soit une solution de facilité pour vendre. Je reste déconcertée devant les situations qui n'ont ni queue ni tête et le langage familier omniprésent. Il en faut pour tous les goûts, ce style trouvera peut-être son lectorat, mais quand on est amoureux des mots et réticents à la vulgarité, mieux vaut passer son chemin.