"L'enfer, c'est les autres", disait Jean-Paul Sartre. Quoi qu'il ait pu dire par là, en tout cas pour Vincent Lamoul, il en est autrement. Entre ses murs, les spires d'un escalier en colimaçon s'offrent devant lui. Destination, l'Enfer. Doit-il s'y engouffrer ? Quelle est cette inquiétude, et qu'est-ce qui l'appelle en bas ? Une fois le pied posé sur la première marche, Vincent le sait, il n'y aura aucun demi-tour possible. Alors qu'au loin, les cris de réjouissances témoignent d'un joyeux tintamarre, son pied se pose sur la première marche qui grince comme un dernier avertissement. Trop tard, la descente a commencé.
Dans un recueil entre le burlesque et la philosophie de comptoir (ou mieux), Sébastien Gollut nous offre pas moins de trente-six nouvelles plus deux, débattant de la vie, de la mort, du paradis, de l'enfer, des démons, des anges, des nains, des loisirs, des obligations... bref d'à peu près tout ce qui fait de nous des êtres humains. Souvent drôles sans être absurdes, ces courtes nouvelles, trois pages au plus, sont autant de one-shots incisifs, voire grinçants, avec des chutes loin d'être toutes prévisibles. Les premières marches sont à mon sens les moins réussies, ou tout du moins celles où j'ai le moins réussi à maccrocher. Une fois passé la première station, et apprécié ces réflexions personnelles autour d'un objet, je me suis bien plus intégré à ce monde d'un aspect fort personnel. Fallait se mettre au diapason quoi.
Pourtant, je connaissais déjà l'auteur pour l'avoir lu dans La répulsion de Karst Olenmyl, une novella parue de même chez Griffe d'Encre, qui utilisait aussi la réflexion comme porteur du récit. La comparaison s'arrête cependant là. La plupart des nouvelles sont vivantes, et sont très variées. Elles sont aussi reliées entre elles par le personnage principal qui, comme La Fontaine, en sort la moralité avant de changer de marche. L'auteur replace aussi un texte très court qui avait été écrit initialement pour l'anthologie L'air, mais finalement non retenu. Dont acte, il l'est ici, non sans un trait d'humour.
Pour terminer, je ne dirai pas que ce recueil fait partie de mes préférés. D'autant plus que la quatrième de couverture est véritablement désopilante (surtout pour un amateur de Livres dont Vous êtes le Héros comme moi). Mais, passé quelques textes et donc en phase avec les écrits, j'ai fini par vraiment apprécier un contenu acide, caustique, ou tout simplement... humain. Bon, si j'allais m'faire un p'tit digestif, histoire de.