Gwenaëlle Aubry est fille d'un homme insaisissable, autant pour lui-même que pour les autres. Personne tente de saisir, en autant de chapitres qu'il y a de lettres dans l'alphabet, les facettes multiples de son père.
Pour ce faire, elle puise dans ses souvenirs autant que dans les écrits de son père. On y décèle parfois de troublantes similitudes, d'autres fois un fossé entre ce qu'ont vécu et ressenti le père et à sa fille à des moments-clés de leurs existences.
Les chapitres sont courts, la langue est intuitive, les phrases-fleuves. Si j'ai apprécié cette écriture sensible, je suis globalement passée à côté de ce livre. Non pas qu'il ne m'a pas touchée, ce serait plutôt le contraire. L'histoire de cette femme qui, comme le dit si bien la quatrième de couverture, se demande "comment exister [alors qu'elle] est la fille de personne" m'a déstabilisée. J'ai eu l'impression d'entrer dans son histoire comme une intruse, de m'approprier des souvenirs, mots et sensations appartenant à une inconnue, à des vies inconnues. Personne est un livre très personnel, une quête de vérité, une catharsis, un hommage, qu'en sais-je ? Mais il m'a surtout donné la sensation d'être une histoire qui ne se partage pas - ou, tout du moins, que je n'avais pas envie de partager.
Il ne s'agit absolument pas d'un avis négatif sur ce texte, par ailleurs bien souvent magnifique. Personne ne m'a pas laissée indifférente, loin de là, mais m'a dérangée.
Ce texte a été récompensé en 2009 par le Prix Femina.