Un groupe de randonneurs s'apprête à effectuer l'ascension du Kilimandjaro, en Tanzanie. Parmi eux figure Rita, une jeune trentenaire qui se pose plein de questions sur sa vie. Sa soeur devait faire l'excursion avec elle, c'en était même l'instigatrice, mais elle est tombée enceinte entre-temps. Rita se retrouve ainsi avec quatre autres randonneurs, deux guides et une trentaine de porteurs. La randonnée va s'avérer plus difficile que prévue, une pluie battante et ininterrompue leur tombant dessus avant même d'être arrivés au pied de la montagne. Les nerfs vont être mis à rude épreuve, d'autant plus que les randonneurs n'ont pas tous le même niveau et que l'un des guides, Frank, fait preuve d'une intransigeance quasi militaire. Durant les quatre jours de montée, les conditions difficiles et l'isolement renforcé par la brume et le silence vont accélérer l'évolution des liens sociaux : des connivences vont se créer pour se déliter aussi vite.
Si Dave Eggers n'a jamais fait cette randonnée, il s'est du moins relativement bien documenté, car les différentes étapes sont précises et bien décrites, depuis la forêt équatoriale jusqu'aux stalactites au sommet. Les tensions ainsi que les affinités qui se créent au sein du groupe semblent tout à fait plausibles. Cependant, il ne se passe pas grand chose. Tous les évènements sont effleurés, tout comme les sentiments qui restent éphémères. Rita se sent subitement en osmose avec la nature puis plus rien ; elle compte veiller sur l'un des porteurs mais ne s'aperçoit pas qu'il n'est plus là. La randonnée, qui est l'objet de cette nouvelle, ne présente ainsi qu'un faible intérêt.
En revanche, le contraste entre la civilisation américaine, représentée par le groupe de randonneurs, tous américains, et la civilisation africaine est intéressant, bien qu'encore une fois traité en surface. Le symbole le plus frappant est la présence de panneaux pulicitaires pour Coca-Cola juste au-dessus des noms des écoles. Les randonneurs sont tous bien équipés, avec parkas et chaussures de randonnée, tandis que les porteurs sont en mocassins et se protègent de la pluie avec des sacs poubelles. Un évènement en particulier, survenant à la fin du récit, mettra particulièrement en exergue l'indifférence des occidentaux à l'égard des africains.
Cette nouvelle se laisse donc lire mais ne présente pas d'intérêt particulier en dehors du traitement du choc des cultures, l'angoisse promise dans la quatrième de couverture n'étant malheureusement pas au rendez-vous.