Biologiste danoise, Sissel-Jo Gazan s'est appuyée sur une controverse authentique dans le monde scientifique pour dresser la toile de fond de son roman, à savoir : les oiseaux sont-ils des dinosaures vivants ?
C'est le sujet de la thèse de l'étudiante Anna Bella, mère célibataire, qui vise en particulier à démontrer comme le Professeur Clive Freeman se trompe en prétendant que les oiseaux descendent d'un reptile plus ancien. Son directeur de recherches n'est autre que Lars Helland, l'ennemi juré de Freeman dans le monde scientifique. Un obstacle vient se poser devant Anna, qui doit passer sa soutenance dans deux semaines : Helland est retrouvé mort dans son bureau. Il était infesté de parasites, qui ne sont pas arrivés là de manière naturelle.
On pourrait croire que l'enjeu du roman est de trouver le meurtrier, celui qui a introduit les parasites dans le corps du professeur, et le pourquoi du meurtre. Or cela devient presque le cadet des soucis du lecteur. A chaque changement de chapitre on passe d'un personnage à un autre. On suit donc Anna, mais aussi Freeman, ou l'inspecteur Soren. Leurs vies sont compliquées et tristes. Anna sait qu'elle n'aime pas sa fille comme il faut, Soren quant à lui rumine un secret qu'il n'a jamais révélé à quiconque. La jeune étudiante va de plus se rendre compte que ses parents lui ont caché quelque chose, un secret qui remonte à sa naissance. Le suspense est bien maintenu, car Sissel-Jo Gazan fait en sorte de placer les éléments nouveaux en fin de chapitre. On est complètement happés par les histoires individuelles de chacun, que l'auteur réussit à rendre très attachants. L'enquête suit son cours en parallèle, mais cela avance doucement, il faut attendre la moitié du roman avant qu'il y ait du nouveau pour la relancer, avec le meurtre du meilleur et même seul ami d'Anna. Cependant, le rythme s'intensifie dans la deuxième partie du roman : un personnage étrange vient semer le trouble, les langues se délient, les souvenirs remontent à la surface, et on commence à y voir plus clair dans l'énigme des meurtres. En filigrane on retrouve aussi par intermittence la question très instructive des dinosaures à plumes.
Ce roman très bien construit présente étonnamment plus d'intérêt pour les intrigues "secondaires", extérieures à l'enquête criminelle. Pour autant cela reste un polar, bien rythmé, prenant, qui n'offre peut-être pas un dénouement exceptionnel mais qu'on prend grand plaisir à lire.