Les Chroniques de l'Imaginaire

Rainbows end - Vinge, Vernor

Pour Robert Gu, les nouveaux traitements pour vaincre la maladie d'Alzheimer ont marché miraculeusement. Le retraité est désormais nanti d'un corps de jeune homme et d'un esprit qui a retrouvé toute sa vivacité. Il va cependant se rendre compte peu à peu qu'il a perdu deux choses : son détestable caractère qui le poussait à démolir verbalement tous ceux qu'il côtoyait, mais surtout son immense talent de poète. Il ferait n'importe quoi pour le récupérer, mais bien sûr ce n'est pas si simple.

En attendant, son fils, qui estime l'avoir déjà assez subi, n'envisage guère de le garder à demeure : Robert doit au plus vite réapprendre à vivre dans ce monde moderne qui a évolué trop rapidement pour lui. Et ce ne va pas être une mince affaire ! Pour les jeunes, il est naturel d'évoluer dans un environnement mi-réel mi-virtuel qu'ils commandent de mouvements imperceptibles interprétés par leurs vêtements informatisés ; pour un rechapé comme Robert, même les interfaces les plus simples sont un casse-tête...

Voilà donc Robert à nouveau sur les bancs de l'école, plus exactement l'Université de San Diego, Californie. Un coin qui n'est pas aussi tranquille qu'il y parait. Entre le projet controversé de numérisation de la Bibliothèque, qui implique le déchiquetage systématique de tous les livres physiques, et la présence à proximité d'importants labos de recherche travaillant sur des projets top-secret, Robert va vite se retrouver impliqué dans des problèmes bien plus graves qu'il ne pouvait seulement l'imaginer !

Dans la première partie du roman, on découvre peu à peu le monde futuriste imaginé par Vernor Vinge. Un monde auquel Robert a bien du mal à s'adapter, mais pas si incroyable que ça en somme, si l'on en juge par l'explosion actuelle des nouvelles technologies. Alors, certes, suivre Robert dans son apprentissage est intéressant, mais ça devient parfois lassant, comme quand l'auteur décrit à maintes reprises des surcouches virtuelles superposées sur la réalité.
Cette partie alterne avec une autre intrigue, qui est au début bien distincte : la découverte par des agents de renseignement indo-européens haut placés d'un projet visiblement bien avancé de contrôle mental. Déterminés à contrer cette dangereuse initiative, ils engagent Lapin, un mystérieux interlocuteur qui leur apparait sous forme d'une image virtuelle de l'animal en question. Avec pour mission de s'infiltrer aux environs des labos de San Diego en vue de préparer une opération de collecte d'informations...

Dans la deuxième moitié du roman, tout s'emballe. L'opération principale est prête, les diverses manoeuvres destinées à divertir l'attention aussi... attention aux balles perdues ! J'avoue que si le rythme y est plus soutenu que dans la première partie, j'ai aussi été larguée plus souvent. Les plans dans les plans dans les plans sont finalement devenus un peu trop complexes pour moi, ou alors c'est la technologie futuriste que je suis trop obtuse pour comprendre. C'est un sacré feu d'artifice, qui retombe à la fin un peu trop rapidement à mon goût, me laissant un peu sur ma faim.

Pour autant, il y a quand même plein d'idées que j'ai trouvées sympa. L'évolution du personnage principal est particulièrement réussie. Ses rapports avec son entourage (sa petite-fille, son partenaire à l'école, les anciens qu'il fréquentait autrefois) sont très intéressants, de même que la présentation des problèmes des vieux face à un monde qui bouge trop vite pour leur permettre de suivre... Bref, si je ne suis pas entièrement convaincue, j'ai cependant passé un bon moment.