Comment peut-on écrire alors que "Tout est dit" depuis longtemps ? Qui écrit, c'est-à-dire qui a la capacité d'écrite, et qui ne l'a pas ? Qu'est-ce qui fait la différence ? Qu'est-ce qui fait que certains ne peuvent faire autrement que d'emprunter, de voler même, leurs mots à d'autres ? Qu'est-ce que le plagiat, en un mot, et quelle(s) en est/son la/les raison(s) ? Y a-t'il plagiat dès lors que je prends les mots de quelqu'un sans lui en demander l'autorisation ?
En psychanalyste, l'auteur se pose ces questions, et d'autres, pour la littérature, et pour la psychanalyse, en rappelant le plus clairement possible les différences entre le pastiche, l'influence, la citation et le plagiat. En étudiant les différentes réactions possibles au plagiat, réel ou soupçonné, qu'on soit plagiaire ou plagié. Enfin en montrant en quoi diffèrent totalement la position de l'écrivain et celle du psychanalyste, tout en ayant en commun le travail sur / avec les mots. La chose écrite, en tant que peau de l'écrivain, que celui-ci soit écrivain "pur" ou psychanalyste, est douloureuse, et intouchable sans que les fantasmes de viol et de dévoration violente menacent.
D'une lecture absolument passionnante, et toujours actuelle, cet ouvrage n'en est pas moins, par sa densité, son érudition, la précision même de son vocabulaire, assez difficile à lire. Pour qui a décidé nonobstant de faire l'effort, c'est une mine de réflexions sur la source de la créativité littéraire. Et il n'est que d'aller à un festival de littérature, et d'y écouter parler les auteurs, pour se rendre compte que le thème qu'il aborde reste d'une brûlante actualité, que le mot même de plagiat soit employé ou pas.
Même les lecteurs "purs", entendons : "ceux qui n'ont aucun projet d'écrire", y trouveront matière à réfléchir et s'interroger sur leur façon et leurs raisons de lire, sur la fonction qu'a pour eux la lecture, et sur leur rapport aux auteurs des livres qu'ils lisent.