Les Chroniques de l'Imaginaire

Les prix Arthur-Ellis (Les prix Arthur-Ellis - 1) - Collectif

Dans son introduction, Peter Sellers, le maître d'oeuvre de cette anthologie d'un genre un peu particulier, raconte l'origine du prix, destiné à récompenser la meilleure nouvelle policière.

Ce recueil, qui couvre les années 1988 à 1999, regroupe les douze nouvelles suivantes :

A la recherche d'un homme honnête, de Eric Wright : Pour un joueur, l'excitation est toujours là, quel que soit l'objet du pari... Beau début avec cette nouvelle originale et drôle, dont la chute est inattendue.

L'assassin dans la maison, de Jas R. Petrin : Mamie est sûre que le dernier compagnon de sa petite-fille est un assassin, mais elle est si impuissante, muette et paralysée dans son fauteuil roulant ! Cette nouvelle à la tension dramatique remarquablement maîtrisée est... glaçante...

Humbug, de Josef Skvorecky : Un crime dans le paradis tchèque des travailleurs, ce qui donne un cadre original et des contraintes particulières à l'enquête.

Innocence, de Peter Robinson : Tout l'accusant, un homme innocent en viendrait presque à croire à sa culpabilité... Une terrible nouvelle sur le regard que nous portons sur les autres, sur le désir de croire à la culpabilité d'un étranger, sur la calomnie, à la fin ambiguë. Superbe, par le créateur de l'inspecteur Alan Banks.

Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras, de Eric Wright : Un groupe de petits truands décident de se venger de celui qui les a donnés. Un petit parfum d'Arnaque...

Piège à homme, de Nancy Kilpatrick : Engagée pour protéger la directrice du musée qui a reçu des menaces de mort, Maggie se voit confrontée au meurtre d'un des gardiens. Un bel hommage à Agatha Christie que cette nouvelle bien dans son style.

Comme dans le temps, de Robert J. Sawyer : la juge autorise le chrono-transfert dans un Tyrannosaurus-rex d'un dangereux psychopathe, peu de temps avant la mort de la bête. Certainement la nouvelle la plus originale du recueil, avec le mélange SF et thriller.

Le bateau de minuit pour Palerme, de Rosemary Aubert rapporte la vie difficile d'une famille en Sicile peu après la fin de la Seconde Guerre Mondiale, vue par les yeux d'une enfant dans les souvenirs de l'adulte qu'elle est devenue. L'intrigue est classique, mais le point de vue et le cadre sont originaux.

L'armure de coton, de Mary Jane Maffini : Croire Helen abattue et inoffensive parce qu'elle est en train de mourir d'un cancer du foie serait une erreur dangereuse... Un portrait de monstre(s) très très réussi, brodé au petit point...

Course à la mort, de Richard K. Bercuson : Deux hommes tués par balles, de la même façon, alors qu'ils sont très différents l'un de l'autre. Ou pas ? L'intrigue est assez convenue, mais la nouvelle vaut par le point de vue du locuteur.

Les mauvaises herbes de la veuve, de Sue Pike : Hors de question de laisser une intrigante et probable meurtrière continuer à gâcher la vie de la famille ! Le ton du récit, comme le cadre dans lequel il est placé, sont très plaisants.

La dernière manche, de Scott Mackay : L'inspecteur Gilbert a de fort soupçon quant à l'identité du meurtrier de Brenda Fowler, mais peu de chances d'arriver à le coffrer, par manque de preuve, et de témoins fiables. Cette nouvelle à la construction solide souffre sans doute de la comparaison avec les précédentes, c'est celle qui m'a le moins accrochée.

Un aspect très plaisant de cette antho, c'est la diversité d'intrigue et de ton des différents textes lauréats du prix, d'une année sur l'autre : autant certaines nouvelles sont très noires, comme L'assassin dans la maison ou Innocence, voire L'armure de coton, autant l'aspect sombre de certaines autres est atténué, pour le moins, par le point de vue ou le ton (Les mauvaises herbes de la veuves, Comme dans le temps...). Et bien sûr certaines sont simplement drôles, telles A la recherche d'un homme honnête, et Un tiens vaut mieux que deux tu l'auras.

Un autre point positif, bien sûr, c'est la qualité des nouvelles présentées : même si j'en ai nettement préféré certaines, l'ensemble est d'un niveau homogène dans sa qualité.

En somme, un très bon recueil, qui donne très envie de dévorer la suite, pour voir l'évolution du prix au fil du temps.