Dans son introduction, l'anthologiste présente un état des lieux du changement survenu dans le genre au Canada depuis la première édition du Prix Arthur-Ellis en 1988.
Les onze nouvelles contenues dans ce recueil couvrent la période allant de 2000 à 2010.
Une dernière mise à mort, de Matt Hughes : Quand vous êtes un ancien soldat et que la leucémie est en train de vous tuer, devenir un justicier peut bien être tentant. Un thème et des personnages intéressants et originaux pour cette nouvelle à la chute inattendue.
Meurtre en Utopie, de Peter Robinson : Richard Ellerby peut s'être tué en tombant du barrage,où il est
Signe des temps, de Mary Jane Maffini : Une nouvelle pleine de charme sur une guerre entre voisines, pas si innocente(s) qu'il y pourrait paraître, drôle uniquement par le ton, elle est délicieusement... gris foncé ! Signée par l'auteure décidément talentueuse de L'armure de coton du tome précédent.
Tout au fond, de James Powell : George Clifford raconte toujours ses histoires de la même façon. Toujours. Jusqu'au jour où une variation alerte sa fille. Cette nouvelle est remarquable par la façon dont l'auteur amène le lecteur, en même temps que le personnage, exactement où il veut.
Du bois mort, de Gregory Ward : Quand il voit arriver Tim Everett, Don est persuadé qu'il va prendre sa place, tant il est bosseur, et après tout ce temps il ne peut pas le supporter. Cette nouvelle, très crédible et magnifiquement construite, avec sa fin surprenante, est également très noire.
Larmes de crocodiles, de Leslie Watts : Jonathan Raffe était beaucoup plus vieux que sa femme, et leur mariage n'allait pas très fort quand ils se sont mis à tourner un film près d'une rivière infestée de crocodiles. Cette nouvelle, toute en non-dits de haine subtile à plusieurs niveaux, est superbe !
Le cavalier de l'Eclair, de Rick Mofina : Dans l'équipe de convoyeurs dont fait partie Jessie Scout, le plus ancien, Elmer Gask, est odieux. D'ailleurs, quand le camion disparaît avec Jessie, il est furieux après elle. Cette plaisante nouvelle est au moins autant une dénonciation des conditions de vie des femmes amérindiennes qu'une enquête policière, et les personnages bien campés lui donnent toute sa valeur.
Peluche freluche, de Dennis Richard Murphy : Ray n'a jamais compris comment fonctionnent les autres gens, et cela peut être dangereux. Une sombre histoire dans le "monde parallèle" des SDF.
Comme une oeuvre de Turner, de Leslie Watts : Un tableau est volé à une exposition alors qu'il n'avait pas une grande valeur, ce qui fait que le policier en charge se demande pourquoi. Outre que le point de vue est original, le ton de cette nouvelle la rend vraiment excellente, confirmant le talent de l'auteure de Larmes de crocodiles.
La chanson du film, de Pasha Malla : Les haines des exilés les suivent à l'autre bout du monde. Cette nouvelle est surtout intéressante par le ton et le thème.
Prisonnier du paradis, de Dennis Richard Murphy : Après la mort de sa maîtresse, dont il n'a pu coffrer l'assassin, Terry Doran a été sacqué, et s'est exilé au Costarica. Cette excellente histoire, très bien construite, clôt magnifiquement ce second recueil.
Ce second tome des nouvelles lauréates du Prix Arthur-Ellis est d'aussi bonne qualité que le premier, et il est toujours aussi agréable de trouver quelques éléments biographiques et bibliographiques sur chaque auteur en fin de volume. J'ai trouvé que les textes présentés ici étaient un peu moins variés, et surtout globalement plus sombres que ceux du premier. On remarquera d'ailleurs que toutes sont des histoires de meurtre, sauf Le cavalier de l'Eclair, qui ne brille pas pour autant par sa légèreté.
D'autre part, j'y ai trouvé une plus grande variété "ethnique" (amérindiens, Indiens ou Pakistanais) ou sociologique. Signe des temps, sans doute, qui rappelle combien le genre du polar est en prise directe avec la société où vivent les auteurs.
Il va de soi que chacun des deux tomes peut se lire seul, mais il m'a paru très intéressant de lire l'ensemble des textes à la suite, justement pour en voir l'évolution. En tout cas, cette lecture démontre, s'il en était besoin, la vitalité et la diversité du genre au Canada. Longue vie au Prix Arthur-Ellis !