Toute cette histoire peut voir le jour grâce aux correspondances postales entre deux frères qui brisent un long silence. Conrad Horswooth est censé devenir le précepteur d'Arturo Fairchild, fils d'une illustre famille des environs de San Francisco. Mais à peine arrivé à la somptueuse demeure, Lord Fairchild, le maître des lieux, qui dispose déjà d'une batterie de domestiques, met Conrad en garde : Arturo est gravement malade, et il est interdit à quiconque d'entrer dans la chambre d'Arturo, sous peine d'y contracter le mystérieux mal...
Alors, Conrad est payé à ne rien faire. Le jeune homme se contente de se promener en ville, et dans les jardins de la propriété. Il y trouve une petite maisonnette au bord de l'eau, qui devient vite son endroit préféré du jardin. Après quelques temps, il se rend compte que la maisonnette est habitée, par une certaine Pandora Manish, une jeune femme très belle qui est forcée de vivre là recluse, par Lord Fairchild.
Avoir rencontré cette femme étrange est un interdit pour Conrad, qui se fait véritablement sécher par Lors Fairchild. Mais l'interdit ne le rendra que plus hardi à gagner la confiance de la jeune femme. Fairchild tient cette dernière responsable de l'état d'Arturo, ce que confirme Alexandra, la plus vieille des domestiques, qui est la seule à avoir connu la mère d'Arturo. Pourquoi diable cette jeune femme est-elle persuadée de renfermer le mal absolu ? Et pourquoi prend-elle des pilules depuis toute petite ? Et ce avant 18 heures ?
Ce premier tome de Les âmes sèches est un nouveau livre d'Antoine Ozanam (le lillois vient de déménager à Angoulême !) dans la collection KSTR de Casterman. Après Le roi banal, L'amourir, ou le plus ancien Face contre ciel, c'est un véritable plaisir de retrouver cet auteur. Ici, on retrouve une ambiance froide et glaciale, tout à fait proche du huis-clos. L'ambiance graphique est diablement réussie, et c'est le terme, et se rapproche justement de L'amourir, fait avec Tentacle Eye dans la même collection.
Côté scénario, il y a une véritable ambiance qui se dégage de ce livre : c'est prenant, avec une narration qui en impose et qui prend vraiment le temps de se mettre en place (cela est possible avec les livres de cette collection). La série est prévue sur trois tomes qui sortent en quasi simultanéité, mais il faut savoir que ce tome peut se suffire à lui même, et pourrait à lui seul constituer un très beau one-shot.
Cependant, il seait dommage de passer à côté des deux autres livres, dessinés par deux autres dessinateurs, toujours sous la coupe de cet excellent scénariste qu'est Antoine Ozanam : un livre à parcourir absolument, en prenant un maximum de plaisir !
