Les Chroniques de l'Imaginaire

Docteur Mengel (U-boot - 1) - Delitte, Jean-Yves

Nous sommes dans une aventure qui se déroule à plusieurs moments et endroits différents dans le temps. Tout d'abord, une catastrophe a visiblement eu lieu sur une tour new-yorkaise, en 2059... Nous n'en saurons pas plus pour le moment, mais nul doute que la découverte en 1951 d'un sous-marin allemand complètement rouillé, en plein cœur de l'Amazonie, doit être lié. Ce sont des européens qui retrouvent l'épave, des marcheurs ayant dévié de leur trajectoire volontairement. Le plus incroyable est que le U-boot en question peut être visité, et il renferme encore un étrange survivant, qui semble totalement aliéné...

On retrouve d'ailleurs le sous-matin en question, mais en 1945, dans l'océan atlantique : là, l'engin est dans son élément, et un mal étrange semble toucher l'équipage, notamment depuis que le capitaine a pris à son bord Himmel et un colis qu'il est interdit de dévoiler. On parle d'évènements graves, puisque Herbert, un jeune mécanicien de dix neuf ans, est retrouvé totalement déchiqueté : le pauvre a eu une mort horrible, et avec le roulis, personne n'a entendu les hurlements...

Le capitaine du U-boot finit par réussir à se mettre Himmel à dos : l'homme est en fuite vers les Amériques du Sud, après la chute du Troisième Reich. Bien vite, il s'avère que le colis ne renferme rien qui aurait pu causer l'attaque d'Herbert. A la place de cela, le colis regorge de notes du docteur Mengel, ce médecin fou qui faisait nombre d'expériences interdites au camp d'Aushwitz-Birkenau. Notamment, un fœtus humain est retrouvé dans du formol, parmi le colis : de quoi rendre fou de rage le capitaine du U-boot... D'autant que les massacres ne s'arrêteront pas vraiment là...

On entre dans du thriller historique avec cette nouvelle série de Jean-Yves Delitte : exit les vrais méchants comme Tanatos, pour se retrouver avec un mal bien plus profond et diffus, bien plus difficile à cerner... Graphiquement, on retrouve les dessins détaillés et sans faille de Delitte : l'homme, peintre officiel de la marine belge, est aussi à l'aise avec les sous-marins allemands que les voiliers pirates de Blackcrow...

Rien à redire de ce côté là : du tout bon pour la nouvelle série de ces éditions 12bis qui n'en finissent pas de présenter de la qualité, à l'instar de Bamboo Grand angle par exemple. Côté scénario, le lecteur ne se perd nullement malgré les passages d'un lieu et d'une époque à l'autre, parmi trois totalement différentes. On sait immédiatement où on se trouve et à qui on a à faire. Les personnages sont suffisamment différenciés dans le livre, même s'ils ressemblent notoirement à des personnages d'autres séries du même auteur.

En définitive, ce U-boot s'avère être un récit d'aventure plaisant et prenant : il va falloir attendre le second tome pour avoir des réponses, mais qu'à cela ne tienne : nous serons prêts !