Les Chroniques de l'Imaginaire

En bonne compagnie - Fuentes, Carlos

Alejandro, jeune mexicain de vingt sept ans, décide de rentrer au pays après le décès de sa mère. Il est accueilli par ses deux vieilles tantes excentriques et acariâtres qui ne s'adressent plus la parole depuis fort longtemps, mais qui visiblement l'adorent, lui. Il est là bas comme chez lui, nourri, blanchi, mais doit pour cela se plier aux règles bien particulières de la maison, à commencer par n'emprunter jamais la porte d'entrée principale. Personne ne doit savoir si les deux soeurs sont mortes ou vivantes. Cela pourrait être presque drôle si ça n'en était pas tellement inquiétant... Effrayant même finalement.

Leticia une vieille fille de trente cinq ans vit, ou plutôt survit, entre sa mère, la chatte de cette dernière et Lupé, la domestique martyrisée depuis des années par la méchanceté de la vieille dame. La vie semble écrite pour se finir ainsi et pourtant... Pourtant tout va basculer le jour ou Leti va rencontrer le machiavélique prince charmant. Dès lors, les évènements vont s’enchaîner, comme inelluctables, vers un dénouement pour le moins... étrange...

Ces deux nouvelles de Carlos Fuentes sont issues d'un recueil ayant pour titre En inquiétante compagnie. Toutes deux fonctionne de la même manière : Une histoire banale, d'un quidam moyen.

Mais l'on ne peut s’empêcher de penser finalement, oui, c'est bien écrit. Commun, mais bien écrit. Puis, au fils de la lecture arrivent les "Ah oui... quand même..." Pour finir avec un retentissant : "je ne m'attendais pas à ça".

Carlos Fuentes manie avec une dextérité sans faille sa plume. Entre conte gothique et fantastique, il n'a visiblement pas su se décider... Pour notre plus grand bonheur. Il utilise sa culture, la culture mexicaine et ses traditions souvent empreintes d’ésotérisme, et ça fonctionne. Le mélange des genres est bluffant et l'on finit par ne plus savoir reconnaître les morts des vivants...

Il est toujours étonnant de voir comment en si peu de page un auteur peut donner autant de profondeur à ses personnages, autant de complexité à leur personnalité. Il est toujours étonnant de se rendre compte qu'en quelques mots seulement, le décor a été planté, l'ambiance mise en place et l'intrigue amorcée. Rien ne manque. Quelques pages ont suffit.
Trop peu de pages finalement, car on en veut encore et toujours plus.

Un joli coup de coeur qui ne vous laissera tout compte fait qu'un goût de pas assez...