Merlin a disparu pendant quinze longues années, se désintéressant de la politique de Bretagne, parcourant monts et vaux à la poursuite de Morgane. Son ennemi de toujours, après avoir tenté de mettre un terme à la vie d'Ygerne sa mère et d'Arthur son frère, a fait alliance avec les Saxons. Elle assassine violemment ses surs les fées et permet ainsi aux envahisseurs de prendre une à une les places fortes jusqu'alors préservées par la magie de la Déesse. Pour mettre fin au massacre et préserver la Quête à laquelle il a voué sa vie, Merlin est prêt à tous les sacrifices.
Entre temps, Arthur, pilier de cette fameuse Quête et confié par Merlin à Antor, seigneur d'Ecosse, est devenu un adolescent combattif malgré sa corpulence chétive, et rusé, qui sait tenir tête à son frère Ké, lequel craint toujours que son petit "frère" ne lui fasse de l'ombre. Contrairement à ce que raconte la légende, c'est avec fierté et en pleine connaissance de cause qu'en présence de tous les seigneurs de Bretagne Arthur dégagera de l'enclume l'épée divine qui fera de lui le nouveau roi de Logres. Trop jeune et inexpérimenté selon ceux qui se refusent ses vassaux, il part reconquérir Caer Lûdd avec quelques jeunes chevaliers qui, fatigués de la politique de leurs aînés, décident de suivre le jeune roi prometteur dans ses ambitions de faits d'armes.
Troisième et dernier tome de la trilogie Graal Noir, Le Lys de la Vengeance est un feu d'artifice narratif qui remet en scène la plupart des personnages clés des précédents opus (y compris feu Engis), en y intégrant des nouveaux, tels Guenièvre, l'amour d'Arthur, ou Briséis, flamme de Merlin, Gauvain, ou les premiers chevaliers de la Table-Ronde. Un brassage de faits - la trame suit un rythme endiablé où les péripéties s'enchaînent à une vitesse vertigineuse - et de noms qui donne parfois un peu le tournis, notamment à cause, à mon sens, d'un léger manque de coordination temporelle sur le plan global, et d'un roman presque trop court qui font s'enchaîner l'action d'une manière quelque peu saccadée et décousue. Cela reste néanmoins le seul point négatif de ce roman médiéval mené de main de maître, dans une langue pure sans fioritures, délicatement parsemée de vocables désuets ou peu connus car très concrets, propres à la langue moyenâgeuse. On regrettera cependant le langage truculent et l'appétit pantagruélique de Maître Blaise, qui écarté de l'action, "abandonné" selon ses propres mots, sur les terres de Ban de Bénoic et son épouse, ne chronique qu'épisodiquement les dernières aventures de Merlin... Héros au grand cur dont la destinée est si peu connue du grand public, l'enchanteur fera encore briller la magie dans les yeux des petits et des grands pendant des décennies, et ce, grâce à Christian de Montella qui par sa plume a porté la destinée de cet enfant du Diable dans toutes les chaumières contemporaines.