Du haut d'un immeuble, assis sur une chaise, un homme contemple le monde tel qu'il est devenu. Ravagé, désolé, le monde est désert. Il n'y a plus personne. Seuls les insectes venus de l'espace sont encore là. Mais l'homme arrive à vivre en leur échappant. Le désespoir l'étreint tout de même et il pleure parfois. Il se met même devant un micro pour parler, au cas où quelqu'un l'entendrait, mais au fond de lui il sent qu'il est le dernier homme sur terre. Comment peut-on vivre en sachant cela ? Un jour, alors qu'il vient de vomir le contenu de la conserve qu'il vient de manger, il se prend une roquette. Fin de l'histoire.
L'homme n'était finalement pas le seul homme sur Terre. Il en reste au moins trois autres. Les trois essayent de survivre ensemble, mais les tensions sont grandes. Soham et Jérémiah obéissent aux ordre de Wayne. Ils lui font confiance alors que lui-même ne sait pas trop ce qu'il faut faire. Il essaye juste de survivre. Mais pourquoi ? Dans quel but ? Que leur reste-t-il à faire ici ? Il vaut mieux ne pas se poser la question. Sinon, le chemin vers la folie est tout tracé.
Bien plus tard, les trois, encore ensemble, vont faire une rencontre déterminante.
La belle mort, c'est un nouveau récit post-apocalyptique. Sauf que, contrairement à la mode ces derniers temps, la fin du monde n'est pas arrivé avec des zombies mais avec des insectes venus de l'espace. Oui, on frôle le film de science-fiction de série Z, mais c'est totalement voulu et assumé par Mathieu Bablet. D'ailleurs, on ne voit pas trop les insectes pendant la première partie du récit. Cela aurait n'importe quelle autre cause de fin du monde que cela aurait été pareil. Par contre, c'est très important pour la deuxième moitié du récit, mais je vous laisse découvrir pourquoi.
D'ailleurs, j'ai moins accroché à cette deuxième moitié. Autant la partie survie m'a bien plus, parce que je trouvais que le rythme de la narration était le bon, autant le reste m'a laissé un goût d'inachevé. Sans doute parce que je ne m'attendais pas du tout à ça. Sans doute aussi parce que je n'ai pas été sensible à cette poésie des images et des mots. Mais je pense que ce ressenti est quelque chose de très personnel qui n'a pas forcément à voir avec la qualité de l'uvre.
Sinon, côté dessin, on peut dire que Mathieu Bablet n'a pas choisi la facilité. En effet, il a dû en falloir du temps pour dessiner toutes ces façades d'immeubles avec toutes ces fenêtres. Les décors sont vraiment précis et réalistes. Parfois, dans certaines cages d'escalier, les perspectives sur les tournants d'escalier sont un peu étranges, mais sinon, les décors sont vraiment bien faits. Après, ce sont plutôt les personnages qui sont un peu particuliers. Stylisés, comme c'est de plus en plus le cas en bande dessinée, je ne sais pas si ce trait est celui qui convient le mieux à ce genre de récit. Après, c'est aussi une question d'habitude. On s'attend sans doute à quelque chose de plus réaliste pour plonger le lecteur dans la tourmente, mais c'est une nouvelle fois un parti pris que l'auteur assume totalement. À aucun moment on ne sent que ça a été un frein pour lui. Après, on s'y fait. Et cela fait aussi sortir de nos habitudes, ce qui n'est pas une mauvaise chose.
La belle mort est donc une lecture agréable. Mais j'avoue que j'ai été un peu trop hermétique sans doute sur la seconde partie.