Jack McEvoy, journaliste au L.A.Times, vient de se faire renvoyer pour restriction du personnel. Cependant, on lui a accordé un délai de quinze jours, pour former son successeur aux affaires policières, l'ambitieuse Angela Cook. Pour Jack, ce n'est pas la transmission de son savoir qui va le préoccuper mais il veut marquer son passage au Times et laisser, avant de partir, un chef d'uvre dont le rédacteur en chef se mordra les doigts. Justement, une femme est retrouvée assassinée dans son coffre de voiture. D'après les marques, elle aurait été étranglée avec une corde ou un câble, cela est sans importance, sinon que la mort a été lente et l'acte maintes fois renouvelé jusqu'à ce que la vie s'échappe. Entre temps, la victime aurait souffert de multiples pénétrations mécaniques. Quel démon peut ainsi faire souffrir sa victime ? McEnvoy tient là un bon papier mais aussi une affaire qui le remuera du plus profond de lui-même.
Quand certain décide de noyer leur échec dans l'alcool, lLui décide de quitter son emploi en apothéose en y laissant, pour signature indélébile, les meilleurs articles de sa carrière. Quand d'autres cherchent l'affaire qui permettra de retrouver les sommets dans le journalisme, lui est bien décidé à dire adieu au Times. Face à Un mort à Starvation Lake de Bryan Gruley et Vierge de cuir de Joe R. Lansdale, Michaël Connelly a décidé de mettre en scène son personnage récurrent Jack McEvoy dans un assaut final. Rien n'arrêtera le journaliste, il ira jusqu'au bout de son enquête. Si le meurtre de sa collègue Angela ne l'effraiera à peine, l'agression de son amie, agent au FBI, ne saura que décupler son génie et son audace face aux crimes les plus pervers. L'épouvantail serait-il un thriller caché dans la collection Points Policier ?
Des crimes parfaitement orchestrés alors que l'on pourrait penser qu'un seul corps a été souillé par un unique tueur. Une réflexion tellement bien menée que si, par miracle les enquêteurs trouvent un indice, il les mènera vers une fausse piste, un faux meurtrier. Tout tueur en série possède un rituel bien défini, inspiré par son vécu. Or tout serial killer laisse, sur sa victime, les traces de sa signature. Quelle est-elle ici ? Dans cette enquête, nous avons bien un fou mais un fou de talent. Que seul Jack le journaliste et Rachel l'agent du FBI, réunis dans cette enquête par le hasard, sauront décrypté. L'auteur signe ici un scénario complexe et bien mené dont il connait le secret.
Michaël Connelly aime la précision des détails. Il nous l'a déjà prouvé dans ses précédents romans comme Le Verdict du plomb ou Echo Park. Dans L'épouvantail, l'auteur met autant de plaisir à décrire le génie machiavélique de l'assassin qu'à dénoncer les méthodes utilisées au sein d'un journal : défendre le budget d'un article, surveiller ses arrières, gruger son collègue pour sortir l'article qui marquera une carrière... Le métier de journaliste en prend pour son grade mais le FBI est traité de la même façon : le principe est d'atteindre l'objectif quelque soit les dégâts collatéraux. Quant à la vérité, elle peut être modifiée pour les besoins de l'agence. Chacun est un pion. Dans ces deux univers, survivront ceux qui mordent le plus fort. Chaque coup compte si cela permet de garder son poste. Rachel et Jack en ont conscience et excellent dans ce jeu. Mais jusqu'à quel point sont-ils prêts à s'agenouiller ?
L'épouvantail est un véritable coup de cur. De faible apparence au début, il augmente d'intensité tout au long de l'enquête. Les fans de Connelly ne vont pas être déçus, les autres peuvent s'y plonger sans regret. De quoi avoir des frissons lorsque l'on stocke des données dans son ordinateur ou par l'intermédiaire de ces entreprises, censées mettre nos données en sécurité.