Otah est Khai Machi depuis quatorze ans, à présent, mais reste isolé au sein du Khaiem, du fait de ses "excentricités" : une seule épouse, de basse extraction de surcroît, un seul fils... Et voilà à présent qu'il semble vouloir se constituer une armée. Sous la pression du dai-kvo, entre autres, il envoie sa petite troupe de mercenaires, sous les ordres de Sinja Ajutani, vers l'Ouest, en dehors du Khaiem.
Peu de temps après leur départ, son ancienne amante, Liat Chokavi, arrive à Machi avec son fils, Nayiit, et la nouvelle que les Galts sont en train de préparer quelque chose, et qu'il faut les détruire, immédiatement et totalement.
Le monde complexe créé par l'auteur est toujours aussi attrayant, et l'intérêt du lecteur ne faiblit pas.
Dans cet opus, on en apprend davantage sur la forme singulière de magie qui y est mise en oeuvre, sur sa dangerosité, et sur la nature du lien entre poète et andat. Mais l'accent est surtout mis sur les Galts. Ou pour mieux dire sur un Galt : le général Balasar Gice, homme fin, cultivé et impitoyable néanmoins, qui est convaincu que la magie du Khaiem fait courir un danger au monde.
Le contraste entre la culture et la société khaiates, et celles des Galts, permet à l'auteur de montrer le prix payé par une société qui se repose sur une seule ressource et un seul outil (en l'occurrence les poètes et les andats), en restant aveugle aux conséquences de cette solution de facilité, et convaincue de la persistance de sa supériorité. De surcroît, c'est une amplification bienvenue de l'univers de l'auteur, qui apporte une source supplémentaire d'intérêt à cette série.
C'est un roman intelligent, bien écrit, aux personnages complexes et attachants. Le rythme assez lent n'est pas un inconvénient pour qui apprécie une fantasy mature et originale.
Il est extrêmement regrettable que le travail d'édition ait une qualité très inférieure à ce qui est habituellement la règle chez Fleuve Noir. Que les fautes criantes soient dues à la traduction, ou à la typographie, le défaut de relecture se fait cruellement sentir. On y trouve, répartis dans tout l'opus, des mots manquants, du style "le cinquième d'entre avait été assassiné" (p. 194), des absurdités logiques "...s'endormir alors qu'une lueur pointait déjà au-dessus des cimes à l'ouest..." (p. 219) et des phrases dénuées de sens "Après qu'Otah lui eut dit de le faire, puis le garçon entra." (p. 246).
J'ai relevé ces exemples, mais ils ne sont malheureusement pas les seuls. Et je ne parle même pas des "ou" accentués mal à propos et autres fautes de grammaire. Pour qui aime la langue française, c'est aussi pénible à supporter que le bruit d'une craie sur un tableau noir.
Et c'est d'autant plus dommage que ce troisième opus n'indique aucun fléchissement dans une saga passionnante, et que ceux qui avaient aimé les deux précédents en seront certainement tout aussi enchantés.