Les Chroniques de l'Imaginaire

La rédemption du Marchand de sable - Piccirilli, Tom

En étouffant sa fille Sarah, Killjoy a effectivement "tué le bonheur" d'Eddie Whitt. Son épouse, Karen, ne s'est jamais remise de cette mort, et est enfermée depuis des années dans une clinique psychiatrique. Quant à Eddie Whitt, il a quitté son travail et perdu ses amis, sauf un, et passe son temps à traquer l'assassin.
Celui-ci, après avoir tué une vingtaine d'enfants, donne des "bébés de remplacement" aux parents endeuillés, bébés qu'il enlève à des parents maltraitants. En commençant cette nouvelle série, comme la précédente, par Whitt, à qui il adresse de surcroît, par des moyens divers, des lettres étranges.

Ce livre est très difficile à résumer, ou à raconter, du fait que ce qui y est important n'est pas l'histoire, mais la façon dont elle est narrée. En effet, le style est très prenant, et le lecteur ne peut éviter de croire à la folie croissante de Whitt, le "héros".
Il comporte une galerie de personnages plus que décalés, de l'ami publiciste qui envoie des retraités en fauteuil dans les Montagnes Rocheuses ou l'infirmier psy qui se prend pour un ange gardien, jusqu'à une gouroue qui reconstitue sa secte en prison, et dont les fils sont encore plus atteints.

Même si ce n'est pas un roman violent au sens habituel du terme (il n'y a pratiquement pas de bagarres, très peu d'hémoglobine répandue, et fort peu de cadavres exhibés sous les yeux du lecteur), l'ambiance noire, glauque, est vraiment pesante, du début à la fin, sans jamais laisser souffler le lecteur fasciné.

Il y a certains éléments fantastiques, peu marqués, et qu'on peut facilement choisir de considérer comme simplement révélateurs de la déconnexion croissante d'avec le réel, de Whitt notamment.

En somme un roman original, superbement écrit, servi par une traduction exemplaire de Michelle Charrier, à la construction rigoureuse, qui confirme le grand talent de l'écrivain déjà connu en France pour son très remarqué Choeur d'enfants maudits.