Le neuvième tome de la série Le tueur est le quatrième tome de la saga pétrolière. On retrouve dans cet album, une nouvelle fois, tous les ingrédients qui font le succès de la série : notre tueur sans nom, dont la prudence est maladive, se frotte à des services secrets et des beautés à la plastique de rêve, en traversant des paysages idylliques comme le Brésil, Cuba et le Venezuela. Mais avec son regard de glace, il analyse et déstabilise ce qui se cache derrière ces façades à l'équilibre précaire. Son point de vue cynique sur notre société occidentale, le pousse à s'en éloigner, et c'est pour cela qu'il est capable d'exécutions sans bavure.
Avec ce nouvel opus, on continue à s'éloigner progressivement de notre tueur suicidaire du premier tome. Il cherchait alors à gagner de l'argent en solitaire et sans risque. On comprend au cours des derniers tomes qu'il commence à trouver un sens à sa vie. Ce sens, il l'a trouvé au cur même de l'Amazonie et on dirait même maintenant, que pour aboutir à ses fins, il est prêt à faire confiance et donc à prendre des risques. Des risques proportionnels aux gains financiers, même si il ne gagne pas à chaque coup... Et c'est la manière dont il essaye à chaque fois de retomber sur ses pattes qui fait l'intérêt de la série.
Matz nous captive dans son univers fait de subtilité et de non-dits qui nous fait imaginer le côté sombre et la complexité des rapports de forces entre les grandes puissances. Elles se font des guerres économiques en employant leurs services secrets pour remporter des batailles, quels qu'en soient les moyens. Notre tueur s'engage donc dans des eaux qui sont de plus en plus troubles et agitées... C'est encore avec impatience que nous attendons le prochain tome de la série qui marquera peut-être le terme de cette saga du pétrole.
Luc Jacamon nous offre avec cet album une de ses plus belles couvertures, riche d'une palette subtile, qui nous plonge dans les sentiments de notre "héros". Son dessin garde son trait et son encrage si uniques. Uniques, à tel point que peu d'auteurs sont arrivés à ce degré de maturité technique qui se met si bien au service de l'histoire. On sent bien que le dessin s'oriente encore plus sur le jeu des acteurs et sur leur sensibilité profonde. Pourvu que ça dure le plus longtemps possible !