Les Chroniques de l'Imaginaire

Renaissance (La compagnie des lames - 1) - Tackian, Nicolas & Kendall, Dave

San Carlos est un petit village du monde d'Arakel. En cette soirée, un ménestrel s'arrête dans une auberge et, comme il se doit, se met devant le feu pour raconter les exploits du roi Fangorn qui combattit le roi Goule en réussissant à réunir sous sa bannière les humains et les anciennes races. Il raconte le siège de la Citadelle du Néant et comment une bande de valeureux guerriers, qui entouraient le prince d'alors, la Compagnie des Lames, réussit à atteindre la tour Anastrophe et à tuer le roi Goule en le décapitant. Seulement, ces évènements datent d'il y a longtemps et le ménestrel se fait traiter de menteur par les personnes présentes, et surtout les enfants. Il doit donc se réfugier dans sa chambre. Là, un crâne lui rappelle ce qu'il doit faire : retrouver les membres de la Compagnie des Lames et les convaincre de revenir se battre aux côtés de leur roi. Pas simple, surtout si on regarde ce que sont devenus les membres de la compagnie.

Nicolas Tackian signe ici un scénario qui, s'il n'est pas forcément original dans le fond, est très intéressant dans la forme. Certes, ce premier tome réunit les anciens membres d'une compagnie de guerriers d'élite pour repartir en guerre, mais c'est bigrement bien fait. Et ce qui est surtout très intéressant, c'est de voir ce que sont devenus ces valeureux héros. Ils sont tous marqués par les années, d'une manière ou d'une autre. La voie de la guerre n'est plus forcément la leur. Ou encore, ils se sont forgés un univers douillet duquel ils risquent de ne pas vouloir partir. Aussi, reconstruire la Compagnie ne risque pas d'être une partie de plaisir. On a l'impression d'être dans une partie de jeu de rôle où le maître de jeu doit s'efforcer de constituer son groupe de joueurs. Et ce n'est pas pour me déplaire. À noter tout de même que ce scénario qui pourrait paraitre peu original dans sa première approche, recèle quelques surprises qui lui donnent tout son intérêt.

Dave Kendall, quant à lui, assure un dessin original, en couleurs directes. C'est volontairement sombre, pour coller à cet univers violent et décadent. On peut certainement rapprocher cet univers de bon nombre de récits de fantasy, mais c'est cette analogie avec le dessin de Brom qui m'a le plus marqué. J'ai trouvé que Kendall avait les mêmes personnages longilignes, tout en nervosité, et que son univers graphique était très proche de celui de Brom.
Tous les personnages sont bien trouvés et évoluent dans des décors qui sont eux aussi d'une belle précision. Le tout forme un ensemble cohérent et maîtrisé qui ne demande qu'à nous en faire découvrir encore plus lors d'une deuxième tome.

Sous des abords de nouvelle série de fantasy lambda, ce Renaissance saura intéresser les amateurs de fantasy classique mais exigeante où les relations entre les personnages comptent peut-être plus que de grandes actions chevaleresques.