Quand son amie Karen la trouve pendue dans le chalet d'été qu'elle avait accepté de lui prêter pour le week-end, elle ne peut croire que Maria se soit suicidée. Bien sûr, la jeune femme avait toujours été plutôt déprimée, depuis la mort de son père quand elle était enfant, et la mort récente de sa mère avait empiré la situation, mais Karen est convaincue qu'elle ne voulait pas mourir. La police ne voit rien de suspect ni dans cette mort, ni dans la réaction du mari, et classe le dossier.
Mais Karen retourne voir le commissaire Erlendur Sveinsson, avec la cassette de l'entrevue de Maria avec un medium. Mais il y a peu à faire au commissariat en ce moment. Mais la mort du père de Maria comporte des ombres inexpliquées. Et Erlendur finit par enquêter pour de bon, tout en soutenant le contraire, et en continuant sa recherche de deux jeunes gens disparus à peu près au même moment, près de trente ans plus tôt.
Après le très intéressant Hiver arctique, on retrouve dans ce beau roman méditatif, à l'intrigue originale, le personnage d'Erlendur Sveinsson, toujours confronté à la perte de son frère dans leur enfance, et aux particularités de sa fille aînée. Dans ce roman, il applique les mêmes qualités de patience, de répétition, d'attention aux détails, qui font de lui un spécialiste des disparitions. Et d'ailleurs ne parle-t'on pas des morts comme de "disparus" ?
Les deux trames d'enquête sont plutôt ténues, mais on ne s'ennuie pas une minute, à voir se dévoiler peu à peu la préhistoire de la vie de Maria, et les derniers moments de David, tant l'écriture d'Indridason est attrayante. Il sait à merveille créer des personnages complexes, attachants (Halldora en est un exemple type), en veillant à laisser à l'imagination du lecteur le soin de compléter le tableau.
En somme, un autre très bon roman d'un excellent écrivain.