Les Chroniques de l'Imaginaire

300

Comme tous les spartiates, le roi Léonidas a été élevé à la dure. Le combat est son domaine, la survie n'a pas de secrets pour lui. Quand un messager du roi perse Xerxès vient à Sparte pour lui expliquer que s'il ne plie pas genoux devant le dieu-roi, tout son royaume sera détruit, mais que s'il accepte, il aura des richesses et des terres, Léonidas n'a qu'une seule réaction : tuer le messager ainsi que toute son escorte en les plongeant dans un puits sans fond. Il souhaite ensuite pouvoir aller affronter l'armée de Xerxès, même si son nombre est impressionnant. Seulement, tout roi qu'il est, il doit se fier au jugement des éphores, ces prêtres isolés… et corrompus. Parce que Léonidas n'a pas que des alliés. Théron, un politicien qui aimerait bien le voir déchu, a bien payé les éphores pour que leur prophétie aille à l'encontre de la volonté de Léonidas. Celui-ci n'a pas le choix : il ne peut lever l'armée spartiate pour aller combattre.

Du coup, il a une idée : sélectionner les trois cents meilleurs combattants de la cité et partir " en promenade " avec eux. Pourquoi pas dans la direction d'où vient Xerxès ? Tous les hommes le suivent de bon cœur, parce que pour les spartiates, il n'y a pas de plus belle mort que celle obtenue sur un champ de bataille. C'est donc confiants et inflexibles qu'ils partent, laissant Sparte aux mains des politiques… mais pour la sauver d'un fléau bien plus dangereux. Et même s'ils ne sont que trois cents face à des milliers d'hommes, ce sont des combattants hors pair qui vont tenir une passe minuscule par laquelle l'armée du dieu-roi sera bien obligée de passer.

300 est l'adaptation cinématographique signée Zack Snyder du roman graphique de Frank Miller et Lynn Varley. Avant The Watchmen, Snyder s'attaquait déjà à l'adaptation de comics. Le résultat est un film qui, par bien des aspects, est superbe, mais qui par d'autre peut déranger. Je ne rentrerais même pas dans la polémique pour savoir si c'est un film fascisant ou pas (jusqu'à preuve du contraire, tous les films ou séries nous vantant les mérites de notre chère police pourraient être mis dans cette catégorie si on va par-là) ou s'il porte atteinte à un pays ou à une culture (l'Iran n'est pas vraiment un modèle de pays libre actuellement et c'est une œuvre prenant des faits historiques et les replaçant dans un contexte purement médiéval fantastique, donc pas du tout de notre monde finalement) ; je laisse chacun se faire sa propre opinion sur le sujet. Par contre, je peux parler du rendu visuel final.

C'est certain, c'est beau. Les scènes de combat sont grandioses, même si on perd parfois un peu de la force et de la violence par les effets de ralenti/accéléré permanents (bien qu'il fasse gagner en impact par moment). Mais à trop chercher le beau, ou le parfait, on en vient à ne plus rien prendre pour un tant soit peu réel. Bien sûr, presque tout le film a été fait sur fond vert, mais est-ce pour autant qu'on doit voir les effets visuels tout le temps ? Même les épis de blé ne semblent pas vrais, ce qui est un peu dérangeant. Donc, oui, c'est graphiquement très beau, mais le grain, les couleurs (c'est encore plus jaune qu'un film de Jeunet !) et tout l'aspect graphique du film font que ça fait trop. Moins de grandiloquence aurait été pas mal.

À côté de ça, on a effectivement une recherche esthétique qui épate. On sent que les effets sont calculés au millimètre (quand Léonidas arrête la charge d'un ennemi et qu'il ne bouge lui-même pas d'un centimètre, pour accentuer le côté inébranlable du personnage, c'est sublime). Peut-être qu'il y a un chouia trop de sang qui gicle partout. Ce n'est pas aussi ridicule que dans Kingdom of Heaven, mais cela n'est pas aussi " réaliste " que dans Braveheart. D'un autre côté, c'est aussi volontairement exagéré pour que cela ne soit pas réaliste.

On peut parler du côté manichéen du film (cette fois, ce ne sont plus les américains les gentils, puisque le pays tel qu'on le connait n'existait pas encore, mais les grecs). Mais ce qui m'a surtout intéressé, c'est de voir ce peuple dur (l'adjectif spartiate n'existe-t-il d'ailleurs pas ?) qui est pour autant cultivé. Leur mode de vie, leur manière de voir la vie, telle qu'elle est décrite ici, m'a fait penser un peu aux samouraïs ou, plus près de nous, aux valeurs véhiculée par le karaté Kyokushinkai, l'envie de mourir en moins. Ne jamais faiblir, ne jamais reculer, vaincre sa peur et sa douleur. C'est une des choses qui m'a le plus marqué en regardant ce film.

On peut certes lui trouver des défauts, comme je l'énonçais, et chacun le ressentira avec son propre affect, mais on ne peut nier que la recherche graphique de Zack Snyder est impressionnante. Il me fait un peu penser à Christophe Gans sur ce côté-là.

Un film intéressant malgré tout, qui ravira surtout ceux qui aiment les scènes de bataille et pas trop les films à l'eau de rose.