Les Chroniques de l'Imaginaire

Les royaumes déchus (La trilogie de l'héritage - 2) - Jemisin, N.K.

Ombre, sous le feuillage de l'Arbre-monde. Il y a dix ans, la cité s'appelait Ciel mais depuis le jour où l'arbre a subitement surgi, ses habitants l'ont rebaptisé et ont appris à vivre dans ce nouvel environnement. C'est là que vit et travaille Orie Shoth, une jeune femme aveugle. Enfin, pas réellement car ses yeux, s'ils sont insensibles au monde terrestre, perçoivent la magie et donc les dieux et leurs enfants, les génitures, qui coexistent désormais parmi les humains. D'ailleurs, elle en fréquente un bon nombre, apparemment attirés par sa capacité à les voir. Elle a même eu une liaison avec l'un d’entre eux et pour le moment, elle en héberge un autre découvert sous un tas d’ordures. Bref, une vie aussi normale et tranquille que possible. Mais le jour où Orie bute sur une géniture assassinée dans le parc, tout son univers bascule. Quelqu'un a trouvé le moyen de tuer les divinités : qui ? Comment ? Et surtout pour quelles raisons ? C’est ce que la jeune femme va découvrir et bien plus encore.

Second tome de la Trilogie de l’héritage, Les royaumes déchus font partie de ces suites qui peuvent se lire indépendamment. Moi qui espérais retrouver les personnages centraux du précèdent opus, que nous avions quitté à un moment crucial, j'ai été surprise de découvrir une toute nouvelle héroïne, les précédents ne faisant que de petite apparitions.

L’action ici se situe dix ans après la fin de Les cent mille royaumes. Nous découvrons un monde façonné par l’évènement final du premier volume. Ni tout à fait différent ni tout à fait le même. Surtout que l'auteur nous propose de le découvrir d'une manière inattendue. En effet, l'histoire est racontée à la première personne par le personnage central et donc nous voyons par ses yeux qui ont la particularité d'être aveugles. Toutes les autres sensations sont forcément exacerbées et mises en avant ce qui donne une impression étrange. N.K. Jemisin réussit néanmoins à nous proposer une vision de son univers sans qu'on ne le voie jamais réellement, un vrai tour de force. Quant à l'histoire, elle est encore une fois axée sur les dieux et leurs relations avec les humains et inversement. Même si l'action est parfois présente, elle reste en retrait et peu développée, laissant une large place aux questionnements ésotériques et philosophiques.

J'avoue que si le premier roman m'avait laissé une impression mitigée, je ne me suis pas du tout retrouvée dans celui-ci. Pour moi, il est bien trop bavard, trop confus et brouillon. Bien évidemment, il y a la trame d'une histoire mais celle-ci se retrouve étouffée par des descriptions, des interrogations, des états d'âme. Certes l’auteur joue habilement avec les mots, afin de nous dévoiler les sentiments, souvent ambivalents de ses personnages, leurs luttes intérieures contre leur nature profonde mais j’ai fini par trouver qu'ils s'écoutaient trop, qu'ils discouraient bien trop, rendant la lecture ennuyeuse, au point d'être soulagée une fois la dernière page lue.