"Et le cinéma rencontra Hollywood..." Le quatrième de couverture ne saurait être plus juste. Nous sommes en 1910. Le cinéaste David Wark Griffith, engagé par la Biograph Company, se rend dans le récent quartier de Los Angeles, Hollywood, afin d'y tourner un film. Par hasard, lui et sa compagnie se retrouvent proches de la maison de l'aquarelliste français Paul de Longpré, qui cultive un jardin de fleurs réputé. Sa fille, Rose, à qui il semble passer tous ses caprices, se montre désireuse d'assister aux tournages.
C'est ainsi que Rose va suivre Griffith. Incroyablement volubile, la petite fille n'a de cesse de poser des questions, ce qui permet aux frères Astier de transmettre aux lecteurs l'histoire du cinéma : la nécessité du fond de teint blanc, le fonctionnement de la caméra, les brevets déposés par Thomas Edison empêchant le développement de sociétés indépendantes... En 1910, c'est encore l'ère du cinéma muet, et Stefan Astier semble s'être inspiré de cette thématique pour ses dessins qui font penser à un dessin animé de par les traits et les coloris. Les personnages sont très expressifs, avec des mimiques exagérées comme les acteurs de films muets, ce qui pourrait rendre le ton enfantin si cela ne cadrait pas aussi bien avec le sujet.
Cette bande-dessinée est évidemment issue de l'imagination des deux frères mais s'appuie sur des évènements et personnages réels, comme en témoigne leur trombinoscope à la fin de l'ouvrage. Griffith est réellement venu tourner un film en 1910, In old California, qui est considéré comme le premier film à avoir été tourné à Hollywood. Pour les scènes de tournages exposées dans Hollywood 1910 Mister Griffith, Stefan et Laurent Astier ont utilisé un des courts-métrages qu'il a tournés cette même année, Ramona. Un personnage important de l'histoire d'Hollywood apparait également : Daeida Wilcox, qui a fondé la ville avec son mari et choisi le nom de ce quartier de Los Angeles qui est devenu le berceau du cinéma américain. Au cours de l'histoire apparaissent aussi des acteurs qui ont collaboré avec Griffith.
Hollywood 1910 Mister Griffith est un superbe ouvrage, tant par la beauté des vignettes et de la couverture que par le travail sur le scénario. Le ton est léger, drôle même, et la narration entrecoupée de parenthèses anecdotiques rafraîchissantes, qui dynamisent le récit. On apprend beaucoup de choses tout en se divertissant, et nul besoin d'être féru de cinéma pour apprécier pleinement cette rencontre entre le cinéma et Hollywood.